La pêche, Emmanuel Adam est tombé dedans quand il était tout petit. À cinq ans, il pêchait déjà sur les bords de l’Eure, dans sa Normandie natale. À sept ans, pendant des vacances à Audierne, il découvre la pêche du bar en mer. Le petit garçon est définitivement mordu. « Depuis, je n’ai pas raté une saison ! », raconte le cadre commercial de 53 ans. La pêche a aussi orienté une partie de sa vie, puisque c’est elle qui l’a amené à Châteaulin, un beau jour de 1995.

« Je crois qu’il se prenait plus de 800 poissons à la canne… »

« J’avais des clients qui venaient pêcher le saumon à Châteaulin pendant deux ou trois semaines, ils m’en parlaient comme de quelque chose d’exceptionnel », retrace l’ancien directeur de magasin de Mondial Pêche. « Mon premier jour de pêche ici, je fais un saumon de 10 livres sous le viaduc, j’étais ravi ! ». Emmanuel Adam découvre l’exaltation sur les quais et une ambiance très chaleureuse. « Je crois qu’il se prenait plus de 800 poissons à la canne. Il n’y avait pas de quotas et il y avait beaucoup de saumons, on les voyait bouger ». Les pêcheurs viennent de loin, de Suisse, de Belgique, de région parisienne… « C’est simple, il n’y avait plus de logement à louer aux alentours. C’était blindé, blindé », se souvient le Haut Normand, qui n’avait trouvé à se loger qu’à Plomodiern. « Châteaulin était réputée comme une des meilleures rivières de France pour le saumon. Les anciens disaient que l’on attrapait la « saumonite aiguë » ! ».

Poisson noble par excellence, le saumon se mérite. « Il a une défense exceptionnelle, il part très vite dans le courant. C’est un poisson très profilé, tout en muscles, très combatif, qui ne se rend jamais », apprécie Emmanuel Adam qui ne tarit pas d’éloges sur ce « magnifique poisson blanc argenté ». D’autant que réussir à déclencher une touche est presque aussi rare qu’un ticket de loterie gagnant. « Quand le saumon remonte pour se reproduire, il ne mange plus, il va juste attaquer par agressivité. Cette pêche est difficile et très aléatoire, on peut y passer des jours et des jours sans rien avoir ».

« Une photo et on le remet à l’eau »

Cette passion du saumon et de la pêche en général, va amener Emmanuel Adam à s’installer à Châteaulin, où il reprendra la boutique chasse et pêche de Mme Blaize. « C’était comme une évidence de venir ici, j’adorais pêcher le saumon de printemps ». Emmanuel Adam situe le début du déclin dans les années 2000. « On a bien vu le nombre de pêcheurs diminuer… ». Son dernier saumon pêché ? « C’était il y a deux ans, derrière le camping de Châteaulin. Un beau poisson que j’ai relâché ». Il craint aujourd’hui que cette pêche ne rouvre jamais. Pour le quinquagénaire, la solution serait le « no-kill » (NDLR : pas de mise à mort, le poisson attrapé est relâché) pour le saumon. « On le prend, on fait une photo ou une petite vidéo et on le remet à l’eau… ».