Le Pentagone est dans la tourmente. Son Inspecteur général a ouvert une enquête sur l’usage de la messagerie chiffrée Signal par le ministre Pete Hegseth, après une fuite explosive concernant des frappes américaines contre les rebelles houthis au Yémen. Cette investigation vise à établir si Pete Hegseth et d’autres hauts responsables ont enfreint les règles encadrant l’utilisation d’applications de messagerie à des fins officielles, ainsi que les obligations de classification et d’archivage des documents sensibles.

L’affaire est sortie après qu’un journaliste du magazine The Atlantic a été ajouté par erreur à un groupe de discussion sur Signal où les plus hauts responsables de l’administration de Donald Trump évoquaient, en temps réel, les détails d’opérations militaires imminentes. Le média a publié des captures d’écran montrant des échanges précis sur les horaires et les types d’armements utilisés, envoyés à peine deux heures avant l’attaque.

Une enquête voulue par les républicains et démocrates

Le mémo de l’Inspecteur général, diffusé jeudi, précise que l’enquête répond à une demande bipartisane des chefs républicain et démocrate de la commission des Forces armées du Sénat. Elle doit notamment vérifier « dans quelle mesure les responsables ont respecté les politiques concernant l’usage d’applications commerciales de messagerie pour des communications officielles » et « les exigences en matière de classification et de conservation des documents ».

L’affaire a provoqué de vives réactions à Washington, mais l’administration Trump continue de défendre son équipe. « Pete Hegseth fait un super boulot, il n’a rien à voir avec ça », a assuré Donald Trump, dénonçant une « chasse aux sorcières » orchestrée par les démocrates. Le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz a reconnu sa responsabilité dans l’incident. « J’assume mon entière responsabilité. J’ai créé ce groupe », a-t-il déclaré sur Fox News, expliquant qu’il avait probablement enregistré par erreur le numéro du journaliste en pensant qu’il appartenait à un collaborateur.

Une nomination qui a été vivement critiquée

Vendredi dernier, un juge fédéral a exigé que tous les messages échangés sur Signal soient conservés, le temps que la justice détermine d’éventuelles responsabilités juridiques.

La nomination de Pete Hegseth à la tête du Pentagone avait déjà suscité de vives critiques, y compris dans le camp républicain. Ancien militaire devenu présentateur à Fox News, il est accusé d’incompétence par les démocrates et traîne des casseroles judiciaires, dont une plainte pour agression sexuelle datant de 2017.