Pour les amateurs d’ail des ours, le printemps rime avec cueillette.Mais cette plante sauvage est souvent confondue avec le colchique, qui peut provoquer des intoxications parfois mortelles, avertit l’Anses.

Ses feuilles fraîches se consomment crues dans des salades ou transformées en sauce pesto. L’ail des ours, aussi appelé « ail sauvage » ou « ail des bois », se récolte au début du printemps, et jusqu’à ce que les feuilles jaunissent au mois de mai, mais peut être confondu avec le colchique, à l’origine d’intoxications parfois graves, avertissent les autorités sanitaires.

Entre 2020 et 2022, deux personnes en sont décédées, indiquent l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses), dans un avis publié ce lundi. Mais 28 cas de confusion de colchique et d’ail des ours ou de poireau sauvage ont été enregistrés par les Centres antipoison, entre mars et mai, avec un pic en avril, principalement en région Grand Est et Auvergne Rhône Alpes, est-il précisé. Les patients concernés avaient préparé les feuilles ramassées en sauce pesto pour la moitié d’entre elles ou les avaient consommées en salade, poêlée ou quiche pour l’autre moitié, peut-on encore lire sur le site de l’agence sanitaire. 

Parmi les personnes intoxiquées, la moitié a présenté des symptômes prononcés ou prolongés tels que des diarrhées ou des vomissements persistants tandis que quatre personnes ont développé des symptômes sévères pouvant menacer le pronostic vital « comme des troubles digestifs, hépatiques et hématologiques graves », détaille cette dernière. 

Et de préciser : « La gravité de l’intoxication est fonction de la quantité de feuilles ingérées, de la concentration très variable de colchicine présente dans la plante, et de l’association avec certains médicaments courants (antibiotiques de type macrolides, antivitamine K…) qui peuvent accroître notablement le risque toxique. » En 2020, le cas d’un Alsacien d’une cinquantaine d’années, décédé après avoir été intoxiqué à la suite d’une confusion entre ces deux plantes cueillies en forêt, avait notamment été relayé. Ce dernier avait consommé durant plusieurs jours du colchique en pensant qu’il s’agissait d’ail des ours, avait indiqué le Centre antipoison Est.

Comment distinguer les deux plantes ?

Plus en détails, les feuilles du colchique et de l’ail des ours se ressemblent, notamment quand les plantes viennent de sortir de terre et ne sont pas très hautes. Elles poussent en outre souvent dans les mêmes endroits. « L’ail des ours est une plante sauvage comestible, haute de 15 à 40 cm à maturité, qui présente une odeur caractéristique d’ail, notamment lorsque l’on froisse ses feuilles », explique l’Anses, soulignant que « ses fleurs en forme d’étoile et son bulbe allongé sont de couleur blanche. » Ses feuilles qui « apparaissent en février-mars et les fleurs d’avril à début juin », elles, sont plus ou moins brillantes, ovales et pointues, portées par des tiges. « Cette plante pousse souvent en grands tapis dans les sous-bois frais, les fonds de vallons ombragés et humides ou le long des ruisseaux », rappelle enfin l’agence.

Les feuilles du colchique sont quant à elles plus rigides, sans tige, et le bulbe est rond et foncé, tandis que ses fleurs mauves n’apparaissent qu’en automne. Au printemps, seules les feuilles sont visibles, charnues, à bout arrondi et semblant sortir directement du sol. À noter que le colchique contient de la colchicine, un médicament utilisé pour traiter les crises de goutte, toxique en cas de surconsommation. Toutes les parties de la plante sont toxiques. Cette dernière provoque des troubles digestifs, puis des défaillances cardiaques et respiratoires.

Audrey LE GUELLEC