Une aide clé pour maintenir les conversions au bio
Instaurée dans les années 2000, l’aide au maintien bio avait un objectif clair : soutenir les producteurs ayant déjà converti leur exploitation, en leur assurant un appui financier le temps que le marché structure ses débouchés. Contrairement à l’aide à la conversion, limitée dans le temps, la MAB visait à éviter les retours en arrière, en compensant les surcoûts liés au bio (main-d’œuvre, absence de pesticides, certifications).
Jusqu’en 2017, elle était cofinancée par l’État et l’Union européenne. Depuis, sa pérennité était en question, et elle n’était déjà plus versée dans toutes les régions. Mais en 2025, la suppression est généralisée.
Le ministère de l’Agriculture propose désormais aux exploitants bio de s’orienter vers d’autres dispositifs, comme les Mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) ou les éco-régimes de la PAC. Or, ces mécanismes sont plus restrictifs, moins lisibles, et souvent insuffisants pour couvrir les besoins spécifiques du bio.
Des producteurs pris à la gorge
Pour de nombreux agriculteurs, la MAB était un filet de sécurité essentiel. Elle leur permettait de faire face aux années où les volumes ne suivaient pas, où les prix du bio chutaient, ou simplement de financer le respect du cahier des charges biologique.
Sa suppression risque de freiner les conversions, voire d’encourager des abandons partiels ou totaux. Dans certaines régions, des exploitants reviennent déjà au conventionnel, faute de revenus suffisants pour maintenir des pratiques exigeantes sans soutien public.
Cette situation est d’autant plus tendue que le marché du bio est en léger repli depuis deux ans, notamment en grande distribution. En 2023, les surfaces agricoles en bio ont reculé de 2 %, une première depuis plus d’une décennie. Et les conversions vers le bio ont chuté de 48 % depuis 2021.
Des conséquences concrètes sur l’alimentation
Cette décision ne touche pas uniquement les agriculteurs. Elle fragilise la filière bio dans son ensemble, ce qui pourrait avoir des répercussions directes sur les consommateurs.
- Moins de produits bio locaux disponibles, notamment en circuits courts ou en restauration collective.
- Prix du bio susceptibles d’augmenter, du fait de moindres volumes et d’un manque de structuration.
- Moindre diversité de l’offre, surtout pour certains produits fragiles (fruits, laitages, légumes frais).
Plus largement, c’est l’ambition de transition agroécologique qui se voit ralentie. À l’heure où les préoccupations environnementales et sanitaires sont de plus en plus fortes, le désengagement de l’État envoie un signal contradictoire.
Fin de l’aide au maintien bio : quels impacts concrets ?
Avant 2025
Après la suppression
Conséquences prévisibles
Une transition fragilisée
Officiellement, la suppression de la MAB s’inscrit dans la volonté de simplifier les aides, d’éviter les doublons avec les dispositifs européens, et de mieux cibler les financements sur les pratiques les plus vertueuses. En réalité, les agriculteurs peinent à s’y retrouver dans les dispositifs de remplacement, qui cumulent exigences techniques et incertitudes budgétaires.
Pour les associations écologistes et les syndicats bio, cette décision reflète un désengagement progressif de l’État, au moment même où la crise climatique impose une transformation profonde du modèle agricole.
Ce que cela signifie pour l’avenir
Si le bio perd en soutien, en visibilité et en rentabilité, le risque est de voir s’affaiblir un modèle respectueux de la biodiversité, des sols et de la santé humaine. Pourtant, les bénéfices du bio sont établis : absence de résidus de pesticides, préservation des ressources naturelles, bien-être animal renforcé.
Dans ce contexte, les choix budgétaires de 2025 interrogent : la France veut-elle vraiment faire de la transition écologique une priorité, ou préfère-t-elle la reléguer au second plan lorsqu’il s’agit de passer à l’action ?
Car sans soutien public cohérent, les bonnes pratiques ne suffisent plus. Et les consommateurs comme les agriculteurs pourraient en payer le prix.