Mercredi 28 mai, les députés ont voté la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), qui limitaient la circulation des véhicules thermiques dans les grandes villes. Le point sur la situation en Loire-Atlantique, où Nantes était concernée.

Des automobilistes ont-ils eu des prunes ?

La réponse est simple et claire : non. Depuis la mise en place de la zone à faibles émissions, aucun automobiliste n’a été verbalisé. Pas un seul agent n’est venu vérifier les pare-brise. « La police municipale n’a mené aucune opération de contrôles, souligne Céline Peremarty, déléguée de la section Force ouvrière. Nous n’avons pas eu de consigne de la ville et comme nous sommes très sollicités pour intervenir sur des vols, du tapage, des agressions… la ZFE était tout en bas de la liste. »

Il faut dire aussi qu’il était prévu une période de tolérance. Mais l’amende en cas de circulation avec un véhicule non autorisé ou sans vignette Crit’Air (plus le chiffre de la vignette est élevé, plus le véhicule est polluant) pouvait aller jusqu’à 450 € pour les véhicules légers (2, 3 ou 4 roues, à 8 places assises maximum et inférieur à 3,5 tonnes). L’amende forfaitaire était de 68 €.

Que coûte l’abandon de cette ZFE ?

Pour les automobilistes qui ont acheté la vignette, 3,77 €. Un « investissement » pas tout à fait perdu, car la vignette pourra être utile, « si le préfet prend des mesures de restriction de circulation, lors de vagues de chaleur qui provoquent des excès d’ozone dans l’air », développe Tristan Riom, élu nantais (Les Écologistes) et ardent défenseur des Zones à faible émission.

Le vrai coût est en fait ailleurs et il est humain. Cet air pollué (particules fines, dioxyde d’azote…) est accusé, selon les études scientifiques, « de provoquer la mort de 4 000 personnes par an », rappelle la députée (Les Écologistes) de la 4e circonscription de Loire-Atlantique, Julie Laernoës. Sans parler des coûts cachés, « l’argent investi dans les études », évoque encore Tristan Riom.

Pour les écologistes, ce renoncement aux ZFE passe d’autant plus mal qu’il intervient quelques jours après la proposition de loi Duplomb, qui autorise le retour d’un néonicotinoïde honni des défenseurs de l’environnement. « Plus la reprise des travaux de l’A69, ça fait beaucoup », s’inquiète Julie Laernoës.

Les ZFE sont-elles définitivement mortes ?

Ceux qui n’en voulaient pas ont commencé à sabrer le champagne. Pour l’instant, elles semblent condamnées à une mort certaine. Mais la députée écologiste nantaise Julie Laernoës ne renonce pas. Une nouvelle loi sur les ZFE serait « déjà en préparation ».

« Tout n’était pas parfait dans cette loi, reconnaît-elle. Donc on travaille sur une proposition de loi pour la réintroduire, pour aider les collectivités locales et améliorer la prise en charge des aides pour l’acquisition de voitures moins polluantes. »

L’acceptation sociale d’une telle loi ne peut s’entendre qu’avec des aides à la mobilité, voitures plus propres (donc plus récentes) et développement des transports en commun.