Très controversés lors de leur apparition sur les machines, au tournant des années 2020, les variateurs de hauteur font désormais partie des habitudes des pilotes, mais ils sont de retour au cœur des débats après plusieurs incidents. Faut-il les interdire dès maintenant, alors que leur suppression est déjà prévue par le règlement 2027 ? Les pilotes peinent à afficher une opinion tranchée.
Ces dispositifs qui permettent d’abaisser les motos sont utilisés pour la réaccélération en sortie de virage, à l’arrière des motos, mais aussi dans les phases de départ – d’où le nom de « holeshot device » en anglais – à l’arrière mais aussi à l’avant. Ils se désenclenchent automatiquement lors d’un gros freinage, mais les deux derniers départs ont posé problème.
Au Mans, le premier virage est une courbe rapide, ce qui peut rendre difficile de désenclencher le système et obliger à garder la moto dans une position basse, potentiellement dangereuse. Ce n’est qu’à la chicane Dunlop que les pilotes freinent franchement. Dans un départ dans des conditions mitigées, tous les pilotes ne l’ont pas tous utilisé et cela a mené à des rythmes différents… et des chutes au premier virage.
À Silverstone, la première courbe est moins rapide mais il peut également être difficile de désactiver le système puisqu’il ne s’agit pas d’un gros freinage. C’est ce qui a contribué à la grosse chute d’Álex Márquez lors du premier départ. Le pilote Gresini a illustré le débat qui anime les pilotes sur le besoin de l’interdire, avec actuellement des discussions sur la possibilité d’y renoncer au départ sur certaines pistes, Le Mans en tête, mais le sentiment que le système en lui-même n’est pas dangereux.
« Il faut vérifier et être réaliste, surtout les pilotes, sur les endroits où l’interdire », a confié Álex Márquez. « Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de l’interdire sur toutes les pistes. Normalement, [Silverstone] n’est pas dangereux, ce n’est pas comme au Mans. Au Mans, il faut l’interdire, je suis d’accord à 100% pour ça, mais pas ici. [À Silverstone], le problème ce sont les températures, etc. L’an prochain, on reviendra en août donc je me dis, ou j’espère, que ce sera bien mieux ! »
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Johann Zarco est sur une position similaire. « Comme on en a discuté après Le Mans, il faut qu’on vote pour décider, les pilotes tous ensemble, sur quelles pistes on en a besoin ou pas au départ », a expliqué le Français. « Au Mans, par exemple, je pense que ce serait une bonne solution de ne pas l’utiliser. [À Silverstone], le premier virage est assez rapide mais on peut freiner suffisamment fort pour le désenclencher, et si on ne le fait pas à 100%, on peut le faire un peu plus tard au virage 3. »
Marc Márquez, partisan de l’interdiction de certaines évolutions apparues ces dernières années, estime que le holeshot device facilite la tâche des pilotes mais peut générer des situations dangereuses. « Pour moi, les variateurs de hauteur rendent les MotoGP plus faciles à piloter », a assuré le leader du championnat. « Sans eux, c’est beaucoup plus difficile. »
Marc Márquez
Photo de: Ducati Corse
« Est-ce que c’est sûr ou pas ? Sur certains départs, par exemple, comme au Mans ou peut-être [à Silverstone], ça manque un peu de sécurité au premier virage. C’est aussi dû au fait que les pilotes freinent d’une manière étrange. On a vu [à Silverstone] l’année dernière un pilote en percuter un autre, et c’est parce qu’on freine d’une manière étrange. Mais d’un autre côté, alors qu’il y avait beaucoup de vent, la moto était plus stable avec le variateur de hauteur arrière, donc bon… Mais ce qui est vrai, c’est que ça rend le MotoGP plus facile et moins technique. »
Des situations potentiellement dangereuses
Aleix Espargaró, présent en wild-card à Silverstone, préfèrerait une suppression du système, selon lui dangereux et inutile pour le développement des motos de route. « Je le disais il y a trois ans », a rappelé le pilote d’essais de Honda. « Je ne comprends pas. Le variateur de hauteur à l’avant et à l’arrière, on ne verra jamais ça sur une moto de série. Je ne comprends pas pourquoi on a ces dispositifs. »
« Je le dis depuis le début mais il faut être juste, parce qu’il n’y avait rien dans les règlements donc quelqu’un de très intelligent, de malin [chez Ducati], a décidé de l’ajouter sur la moto. Ce n’est pas de sa faute. Ça porte vraiment à controverse, c’est dangereux à certains endroits et ce n’est pas fun pour le show. Mais il a été malin donc maintenant il faut respecter ça. C’est vraiment difficile. »
Les problèmes ont en effet été nombreux à Silverstone. Après la chute d’Álex Márquez, Enea Bastianini a fait l’intégralité du premier tour avec le système bloqué à l’avant, et Yamaha a rencontré des soucis à l’arrière, qui ont fait perdre des places à Álex Rins dans le dernier tour et ont surtout provoqué l’abandon de Fabio Quartararo. Ce dernier penche également pour un retrait des holeshot devices mais cela devra passer par une interdiction, aucun constructeur ne pouvant se permettre d’y renoncer.
« C’est vrai que ça apporte un gros, gros avantage mais si on l’enlève tous, je pense que ça serait bien », a commenté le Français. « Même [à Silverstone], ce n’est pas vraiment dangereux mais on sait qu’il faut freiner super, super fort pour désenclencher l’avant ou l’arrière. »
Fabio Quartararo après son problème à Silverstone.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
« Je pense que la chute d’Álex est un peu venue de l’avant, parce qu’il voulait freiner super fort avec l’avant, mais l’avant est assez critique sur le côté droit dans ce virage. C’est dangereux mais ce n’est pas moi qui fais le règlement, et ça nous rend plus rapides, donc on ne l’enlèvera pas si les autres l’utilisent. C’est vraiment important. »
Johann Zarco regretterait une interdiction totale, puisqu’il apprécie le défi technologique posé par le holeshot device : « J’aime les variateurs de hauteur. […] Les variateurs de hauteur ont été très intéressants pour le développement et je pense que c’est bien de les garder parce qu’on apprend énormément de choses quant à ce qu’on peut extraire de la moto. »
Avec Léna Buffa
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Vincent Lalanne-Sicaud
MotoGP
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Marc Márquez
Johann Zarco
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