L’ouvrage est signé de Rozenn Milin et Philippe Blanchet Lunati. La première, née en Bretagne, est historienne, sociologue et journaliste. Elle a mené une enquête de dix ans sur l’interdiction des langues minoritaires dans les écoles de France. Le second, qui parle le provençal, est professeur de socio-linguistique à l’université de Rennes. L’ouvrage est illustré par le dessinateur de presse breton Joël Auvin.

Considérées comme des « sous-langues »

Le livre de 180 pages, se présente sous la forme de petits chapitres qui démontent un à un les clichés à l’égard des langues régionales tels que : « Les dialectes et patois sont des sous-langues au vocabulaire pauvre et à la grammaire inexistante, dépourvus de littérature propre et dont l’utilité serait nulle dans le monde globalisé actuel, voire, pire, un outil permettant d’alimenter les communautarismes, voire le séparatisme. » Appuyant leur propos sur une bibliographie abondante, les auteurs démontrent notamment l’utilité de ces langues dans le domaine professionnel. Mais surtout, 30 pages de l’ouvrage sont consacrées à démontrer que l’État français endosse la responsabilité de la disparition des langues régionales.

Interdiction et répression

Les auteurs expliquent que sous la Terreur (1793-1794), les révolutionnaires français ont théorisé l’éradication des langues minoritaires pour imposer une langue unique, le français. Les auteurs affirment que cette volonté a perduré au moins jusqu’à la fin des années 1970 et que l’Éducation nationale constituait le bras armé de cette politique, les enseignants étant chargés d’interdire et de réprimer l’usage de ces langues dans les écoles. Un phénomène connu en Alsace où les associations de promotion de l’alsacien, ont recueilli des témoignages de dialectophones ayant subi des punitions, y compris corporelles, pour avoir parlé leur langue maternelle à l’école.

Langues régionales – Idées fausses et vraies questions, éditions Héliopoles, 185 pages, 17 €. Conférence de Philippe Blanchet-Lunati, mardi 3 juin à 20 h au centre culturel alsacien, boulevard de la Victoire à Strasbourg.