Megha Vemuri, qui a suivi une double spécialisation en informatique et en cognition et linguistique à l’Institut de technologie du Massachusetts, a déclaré la veille de la cérémonie «que le MIT veut une Palestine libre» tout en dénonçant un «génocide».
Un discours controversé qui lui aura coûté cher. Megha Vemuri, présidente de la promotion 2025 de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT), s’est vue interdire l’accès à sa cérémonie de remise de diplômes vendredi 30 mai après avoir prononcé un discours pro-palestinien la veille. Lors d’une cérémonie universitaire sur le campus du MIT à Cambridge (Massachusetts), Megha Vemuri a félicité les étudiants ayant manifesté au nom des Palestiniens et dénoncé les liens qu’entretient sa prestigieuse université avec Israël.
En effet, le Boston Globe rapportait l’année dernière que selon les données du ministère américain de l’Éducation, le MIT déclarait avoir reçu 2,8 millions de dollars de subventions, de dons et de contrats d’entités israéliennes entre 2020 et 2024. Les responsables du MIT ont confirmé au New York Times que suite à son discours, ils avaient informé Megha Vemuri, qui a suivi une double spécialisation en informatique et en cognition et linguistique, qu’il lui était interdit d’assister à la cérémonie de remise des diplômes.
«Le MIT soutient la liberté d’expression mais maintient sa décision», a déclaré un porte-parole de l’Institut dans un communiqué, expliquant que la jeune femme a, «délibérément et à plusieurs reprises, induit en erreur les organisateurs de la cérémonie de remise des diplômes», tout en qualifiant son discours de «manifestation depuis la scène». De plus, le texte lu «n’était pas celui que l’oratrice avait fourni à l’avance», précise le communiqué.
«Aujourd’hui, c’est aux diplômés qu’il revient de parler»
Le discours de la jeune femme, inscrit sur des feuilles de papier froissées, a duré environ quatre minutes et s’adressait à ses camarades de promotion en soulignant leurs efforts pour protester contre Israël. «Vous avez montré au monde que le MIT veut une Palestine libre», a-t-elle clamé jeudi, avant d’ajouter : «La communauté du MIT que je connais ne tolérerait jamais un génocide.» Megha Vemuri a ensuite quitté l’estrade sous un mélange d’acclamations et de protestations avant que Sally Kornbluth, la présidente de l’université, prenne la parole. «Au MIT, nous croyons à la liberté d’expression. Mais aujourd’hui, c’est aux diplômés qu’il revient de parler», a-t-elle assuré.
Bien qu’exclue de la cérémonie de remise de diplômes vendredi, la jeune femme recevra tout de même le sien «par la poste». «Je ne vois aucune raison de me déplacer sur la scène d’une institution complice de ce génocide», a-t-elle de toute façon écrit, ajoutant qu’elle était «déçue» par la réponse du MIT. Elle affirme que les responsables de l’école «ont largement outrepassé leurs rôles pour (me) punir sans mérite ni procédure régulière».
Des accusations d’antisémitisme
Le discours de Megha Vemuri a suscité de vives critiques en ligne, et notamment de la part du président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, allié de Donald Trump. «Ignorant. Haineux. Dépourvu de toute morale. Où est la honte – ou la réponse appropriée de l’institution ?» a-t-il écrit sur X. «Demandez à vos enfants d’éviter à tout prix le MIT et l’Ivy League.»
Depuis l’attaque menée par le Hamas contre Israël en octobre 2023 et la guerre entamée par la suite par l’État hébreu à Gaza, les campus universitaires américains sont confrontés à de nombreux campements de protestation contre l’offensive israélienne et visés par des accusations d’antisémitisme.
De nombreux étudiants ont déjà utilisé leur cérémonie de fin d’année comme plateforme pour prononcer des discours pro-Palestine, s’écartant de ceux qu’ils avaient présentés aux responsables de leur université. À la mi-mai, l’un d’entre eux, Logan Rozos, s’est vu refuser la remise de son diplôme après qu’il a fait référence aux «atrocités qui se produisent actuellement en Palestine» dans un discours.