La Grande Vague de Kanagawa est sans conteste la plus emblématique des œuvres d’Hokusai. Imprimée sur des billets de banque ou les passeports japonais, ayant même son propre émoji, elle a trouvé sa place dans la culture populaire, partout sur la planète. « Comme le sourire de la Joconde », compare Bertrand Guillet, le directeur du château des ducs de Bretagne. Et comme pour Léonard de Vinci, ce n’est sans doute pas un hasard.
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La force de la nature, la fragilité de l’homme
Issue de la série des Trente-six vues du mont Fuji, cette gravure semble au premier regard représenter une scène simple : des pêcheurs face à une immense vague prête à tout engloutir. « Cette vague montre toute la force de la nature face à la fragilité de l’homme, détaille Bertrand Guillet. Mais n’oublions pas le mont Fuji, à l’arrière-plan, qui illustre la permanence de la montagne éternelle et sacrée. »
Œuvre hybride, La Grande Vague est aussi intéressante dans sa composition : « Le premier plan est dynamique, le second plus statique, comme immuable. Cette image est à la fois totalement japonaise et très occidentale, par les dispositifs sur lesquels elle s’appuie : la perspective linéaire et l’utilisation du bleu de Prusse, une teinture synthétique importée massivement au Japon à partir des années 1820. »
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Cette perspective occidentale est d’autant plus surprenante qu’Hokusai n’a jamais quitté le Japon, pays fermé à l’étranger depuis deux siècles quand il peint cette série, vers 1830-1834. « C’était complètement novateur, juge le commissaire de l’exposition. Ces références à l’Occident participent sans doute à la dimension syncrétique de cette œuvre et à son universalité. »
Hokusai (1760-1849), chefs-d’œuvre du musée Hokusai-kan d’Obuse, du samedi 28 juin au dimanche 7 septembre, tous les jours de 10 h à 19 h, au château des ducs de Bretagne, musée d’histoire de Nantes. Réservation d’un créneau de visite (y compris pour les entrées gratuites) via reservation.chateaunantes.fr, 9 €, 5 € moins de 26 ans, gratuit moins de18 ans.