par Vladimir Soldatkin et Tom Balmforth
Un nouveau cycle de
négociations de paix entre représentants russes et ukrainiens
doit se tenir ce lundi dans la ville turque d’Istanbul, qui a
déjà accueilli le mois dernier les premiers pourparlers directs
entre Moscou et Kyiv depuis trois ans, sans résultats probants,
du fait de divergences importantes.
Les discussions entre les deux camps ont été ouvertes après
que Donald Trump a répété sa frustration à l’égard de l’absence
de progrès vers la paix, alors que le président américain avait
dit durant la campagne électorale américaine être en mesure de
mettre fin à la guerre en Ukraine très rapidement.
Washington a prévenu récemment à plusieurs reprises qu’il se
détournerait des négociations si Moscou et Kyiv ne trouvaient
pas un terrain d’entente.
Si le premier cycle de pourparlers bilatéraux organisé à
Istanbul, le 16 mai, a donné lieu à une entente sur un échange
de prisonniers, aucune avancée vers un accord de paix n’a été
signalée, les deux parties ayant campé sur leurs positions.
Même une trêve n’a pas été conclue, le président russe
Vladimir Poutine faisant fi de la demande de Donald Trump et de
la pression des Européens pour accepter un cessez-le-feu
immédiat de 30 jours.
Les discussions d’Istanbul vont intervenir alors que
l’Ukraine a mené dimanche l’une de ses attaques les plus
ambitieuses depuis le début de la guerre, ciblant notamment une
base aérienne russe en Sibérie. La Russie a de son côté lancé
472 drones contre l’Ukraine, un nombre sans précédent en une
nuit, selon l’aviation ukrainienne.
Le doute qui subsistait sur la participation de Kyiv à ce
cycle de pourparlers, proposé par Moscou la semaine dernière, a
été levé dimanche par Volodimir Zelensky. Le président ukrainien
a déclaré qu’une délégation menée par son ministre de la
Défense, Roustem Oumerov, serait à Istanbul lundi.
De son côté, la délégation russe sera menée par l’un des
conseillers du Kremlin, Vladimir Medinsky.
L’émissaire spécial américain Keith Kellogg a déclaré que
les deux camps allaient discuter de documents détaillant leurs
propositions respectives pour un accord de paix.
Il a également signalé que les Etats-Unis seraient impliqués
dans les discussions, de même que des représentants de
puissances européennes – Grande-Bretagne, France, Allemagne -,
sans que l’on ne sache à quel niveau.
L’Ukraine a déclaré au cours du week-end attendre toujours
que la Russie lui transmette le mémorandum qu’elle a préparé. Le
mémorandum élaboré par Kyiv a été reçu dimanche par Moscou,
selon les agences de presse officielles russes.
Le Kremlin dit considérer cette étape comme condition
préalable à l’acceptation d’un quelconque cessez-le-feu.
Vladimir Poutine a exposé l’an dernier ses demandes pour que
la guerre puisse prendre fin: le retrait de la candidature
d’adhésion de l’Ukraine à l’Otan et le retrait complet des
troupes ukrainiennes des quatre régions dont la Russie a pris le
contrôle dans le cadre de ce qu’elle a présenté comme une
« opération militaire spéciale », dénoncée comme une invasion par
Kyiv et ses alliés.
D’après une copie d’un document que Reuters a pu consulter,
les négociateurs ukrainiens vont présenter lundi à leurs
homologues russes une proposition de feuille de route vers un
accord de paix durable.
Ce document stipule qu’il n’y aura aucune restriction sur
les capacités militaires de l’Ukraine, aucune reconnaissance
internationale de la souveraineté de la Russie sur les
territoires ukrainiens conquis durant la guerre, et que Kyiv
devra être indemnisé.
La Russie contrôle actuellement près d’un cinquième du
territoire ukrainien.
(Reportage de Vladimir Soldatkin et Tom Balmforth; version
française Jean Terzian)