Par

Adrien Filoche

Publié le

2 juin 2025 à 7h02

Circuler à Rouen n’est pas toujours une partie de plaisir. Devoir patienter de longues secondes, dans les bouchons ou derrière les feux rouges, cela peut crisper les automobilistes. Mais alors, quels sont les feux de circulation les plus longs ? Et quelles sont les raisons valables qui expliquent ces temps d’attente ? Ce sont les questions auxquelles a tenté de répondre la rédaction de 76actu.

« Un travail de micro gestion et de macro gestion »

Pour trouver des réponses, il a fallu se rapprocher du PCRT (poste de commandement et de régulation du trafic) de la Métropole. Les feux de circulation à Rouen — et l’ensemble circulation par extension — sont gérés depuis ces bureaux, installés au-dessus des locaux de la police municipale, rue Orbe.

Le PCRT dispose de plus de 150 caméras pour constater en temps réel le trafic, ainsi que près de 500 capteurs sur les routes. Et si le système des feux est évidemment automatisé, les agents ont tout de même la main, pour par exemple augmenter ou réduire leur durée, en fonction des conditions de circulation.

« C’est à la fois un travail de micro et de macro gestion », commente Clément Beignot-Devalmont, le directeur adjoint en charge de la circulation dans la Métropole de Rouen. Celui qui pilote le PCRT précise dans un premier temps qu’il existe huit plans de feux différents préétablis, en fonction des heures de pointes. Pour le reste, c’est principalement de l’adaptation. 

Les temps incompressibles

Concernant la durée des feux,  il y a tout d’abord ce que l’on appelle les temps incompressibles. « On se doit de respecter des critères de sécurité. Par exemple, sur un passage piéton, on doit laisser le feu au vert suffisamment longtemps pour que le piéton puisse traverser sans courir », note Clément Beignot-Devalmont.

Une personne, que ce soit un piéton ou un automobiliste, ne peut pas avoir un rouge plus de 120 secondes, sauf dans le cas d’un carrefour qui croise avec un transport en commun.

Clément Beignot-Devalmont
directeur adjoint en charge de la circulation dans la Métropole de Rouen

Une fois que l’on a mis les temps incompressibles, il reste donc des temps à repartir. Dans une situation classique, « on reparti les temps de vert de façon proportionnelle. Par exemple, plus il y a de voitures qui vont passer sur un axe, plus le temps de vert sera long », détaille Clément Beignot-Devalmont. 

Mais lorsque l’on ajoute des axes avec des croisements de transports en commun (bus et métro), cela vient complexifier toute l’équation.

« Si on détecte un métro [un tramway NDLR] ou un Teor sur le réseau, on doit lui donner la priorité absolue », détaille Clément Beignot-Devalmont. C’est la règle et c’est dans ces situations que l’on arrive à des temps d’attente qui peuvent sembler longs pour les automobilistes, notamment aux heures de pointes où le trafic est déjà saturé.

Les feux rouges les plus longs à Rouen

Prenons l’exemple de l’axe sur le pont Jeanne-d’Arc, où le métro coupe la route sur la rive droite et la rive gauche. Aux heures de pointes, il arrive qu’un métro passe dans un sens, puis qu’un second passe dans l’autre. Le carrefour reste donc au rouge pendant de longues secondes, parfois plus d’une minute.

« Ce sont des situations qui peuvent être mal vécues par les automobilistes », concède Clément Beignot-Devalmont. Il poursuit sur cet exemple : « Avant, c’était encore pire, notamment sur la rive droite. On a réduit le problème en supprimant une voie de circulation routière sur le pont Jeanne-d’Arc. Paradoxalement, on arrive à faire passer plus de voitures avec une voie en moins car on a désormais un temps de feu vert plus important. » 

Celui qui pilote le PCRT identifie aussi le rond point devant la clinique de l’Europe comme secteur sensible, avec un croisement avec les transports en commun, « mais comme on n’est plus sur le tronc commun, il y a quand même moins de métros ».

Les carrefours où on attend le plus, ce sont ceux des croisements avec les transports en commun, notamment sur le tronc commun du métro.

Clément Beignot-Devalmont
directeur adjoint en charge de la circulation dans la Métropole de Rouen

Par ailleurs, il précise que « dans la loi, on peut avoir un feu qui reste au rouge jusqu’à 240 secondes pour un carrefour avec un transport en commun. Mais à Rouen, on a aucun carrefour qui est programmé comme cela ». 

S’il y a la théorie, la plupart du temps, les agents du PCRT doivent s’adapter à la réalité du trafic. « Par exemple, sur le carrefour de Théâtre des arts, quand une trémie est fermée, on peut faire attendre le métro pour fluidifier le trafic », poursuit le directeur adjoint en charge de la circulation dans la Métropole de Rouen.

Le cas du boulevard des Belges

Un autre secteur qui crispe certains automobilistes aux heures de pointes, c’est le boulevard des Belges, avec des feux rouges qui peuvent être longs, et des feux verts très courts. 

« Quand les carrefours sont proches les uns des autres, on cherche à coordonner les feux pour permettre de faire passer tout en même temps. C’est un cycle », explique Clément Beignot-Devalmont. Lors qu’un bus passe, en l’occurrence le T4, on lui donne la priorité, ce qui peut dérégler le cycle. « Après, on va donner un temps de vert très court aux automobilistes pour revenir dans le cycle de coordination, et là aussi, c’est un phénomène qui peut être mal vécu », détaille-t-il. 

On préfère retenir les automobilistes dans un endroit où ça bloque proprement, plutôt que de les bloquer dans le croisement du carrefour.

Clément Beignot-Devalmont
directeur adjoint en charge de la circulation dans la Métropole de Rouen

De plus, dans d’autres situations, il est parfois plus pertinent de ralentir le trafic en amont — donc d’augmenter la durée des feux — afin d’éviter une paralysie générale. « Par exemple, dans le secteur de Saint-Paul, on peut ralentir le trafic en augmentant la durée des feux afin d’éviter une saturation des quais rive droite. On essaye aussi de ne jamais trop remplir les boulevards. » C’est le même principe dans la descente de la route de Neufchâtel, à Beauvoisine, où les temps de rouges pour les automobilistes peuvent paraître interminables aux heures de pointes, et les temps de verts très courts. 

Les trains « ça peut faire très mal »

Ces deux exemples parleront également aux automobilistes habitués du carrefour de la prison de Rouen, où il peut s’avérer épineux de s’engager en direction de l’avenue Jean-Rondeaux quand on vient de la Sud III. 

Enfin, sur la question de la durée des feux de circulation, Clément Beignot-Devalmont prend comme dernier exemple le quai de France, sur la rive gauche. C’est un cas plus exceptionnel, lors duquel les feux peuvent rester rouges pendant plus d’une minute. 

Au niveau du bâtiment de la Métropole, « il y a un passage à niveau, indique-t-il. Des longs trains de marchandises passent entre deux et trois fois par jour. Ils coupent les deux voies de circulation. Et quand les trains passent à l’heure de pointe, ça peut faire très mal pour la circulation ! ».

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