De notre envoyé spécial à Roland-Garros,
Certains auraient pris ça pour de l’ego mal placé. De l’arrogance, même, pour une joueuse classée au-delà de la 360e place à la WTA. « Je sais que j’ai le niveau, en tout cas à l’entraînement, sur toutes les filles qui sont ici, expliquait Loïs Boisson après sa qualification pour le troisième tour de Roland-Garros. Après, c’est d’arriver à mettre en place ce que je peux faire en entraînement, en match. Pour l’instant, ça marche bien et j’espère que ça va continuer. »
Ça a continué. Au moins un tour de plus. Victorieuse du duel 100 % français face à Elsa Jacquemot, la Dijonnaise disputera un huitième de finale face à l’Américaine Jessica Pegula, troisième joueuse mondiale, ce lundi, sur le court Philippe-Chatrier. Pas mal pour une joueuse, invitée, qui dispute le premier tournoi du Grand Chelem de sa carrière. « Pour moi, ce n’est pas une surprise, assure Julie Pecastaing, capitaine de l’équipe du TC Nice Giordan où évolue Loïs Boisson. C’est une surprise de par son classement, elle est à une place causée par sa blessure de 2024. »
« Des routines » pour se sentir bien physiquement
On prend la Delorean et on rembobine. L’année dernière, juste avant le début des Internationaux de France, Boisson, aux alentours de la 150e place, marche sur l’eau, avec notamment un bilan exceptionnel de vingt-trois victoires pour une défaite sur terre battue. Suffisant pour obtenir une invitation à Roland-Garros et découvrir l’ocre parisien. Mais, les croisés, tu connais. Fin d’un rêve et retour à la galère.
Loïs Boisson (22 ans) et les blessures, c’est finalement une relation de proximité, freinée qu’elle avait été dans son ascension par plusieurs pépins en 2021 et 2022. Ce qui l’avait obligé à bosser énormément son physique, comme elle nous l’avait expliqué l’année dernière : « Pendant un an, je n’ai fait que du physique, ce qui fait que j’ai énormément progressé. J’ai des routines nécessaires pour me sentir bien physiquement et ne pas avoir de blessures stupides. »
Cela ne l’a malheureusement pas empêché de se faire donc les croisés au genou gauche en mai 2024. Mais, habituée, Loïs Boisson est revenue encore plus forte. « Ce qui m’a le plus étonnée, c’est de voir la vitesse à laquelle elle est revenue après sa blessure, estime Diane Parry. Ce n’est jamais facile. C’est une grosse blessure, on peut mettre du temps à récupérer, à revenir à son niveau. Je l’ai vite revue à un très bon niveau physiquement. »
Même niveau de jeu qu’avant la blessure
C’est souvent l’interrogation qui prévaut, comme toujours après ce genre de blessure longue durée. Car, pour le reste, tout le monde était persuadé que Boisson allait conserver son niveau de tennis. « Elle est revenue à la compétition il y a quelques mois et avoir ce niveau physique là, c’est très, très fort de sa part, ajoute Julie Pécastaing. Et c’est ça qui est une surprise. Son niveau de jeu avant qu’elle se blesse, il était top. Et je trouve qu’il l’est toujours. »
Dans le paysage du tennis féminin français, le physique de la Dijonnaise détonne depuis la fin de carrière d’Amélie Mauresmo. Très solide du haut du corps, athlétique en bas, Loïs Boisson se rapproche, toutes proportions gardées, de la Russe Svetlana Kuznetsova. Un physique qui lui permet en tout cas de mettre en place son jeu basée sur la puissance.
« Je me suis entraînée dans le sud avant de reprendre la saison sur terre avec elle, détaille Diane Parry. Quand on joue en face d’elle, on peut ressentir la qualité de balle qu’elle a. C’est assez rare chez les filles de mettre autant de lifts par exemple et d’avoir cette qualité de balle. » « Elle joue extrêmement bien et a une force de frappe incroyable, indique la capitaine de l’équipe du TC Nice Giordan. Elle a un beau jeu de jambes et est très complète. Je pense que son classement ne reflète pas du tout son niveau de jeu. »
Une douleur, mais pas d’inquiétude
Julie Pécastaing estime que sa petite protégée peut vite intégrer le top 50. Pour le moment, en attendant de voir si elle peut atteindre les quarts de finale de Roland-Garros, Loïs Boisson devrait revenir à la 170e place à la WTA. Soit quasiment le même classement que l’année dernière. En espérant que les pépins la laissent définitivement tranquille. Vendredi, à la fin du premier set au troisième tour, on a pensé au pire, au moment où elle s’est plainte du genou gauche, celui-là même où elle avait été opérée il y a un an.
« J’ai juste une petite douleur au genou, mais je sais quoi faire là-dessus, a tenu à rassurer la Dijonnaise. Cela a été long à passer pendant le match mais au final, c’est passé. C’est une douleur que je connais, je sais là gérer. Il n’y aura pas d’examen en particulier avant le prochain tour. » Le seul examen qui compte, maintenant, c’est celui face à Jessica Pegula. Et il risque d’être bien corsé.