Par

Jean-Philippe Massieu

Publié le

2 juin 2025 à 8h13

Lors d’une cérémonie au Théâtre du Châtelet, à Paris, mi-avril 2025, Nicolas Guilbert, d’Équeurdreville-Hainneville (Manche), a reçu la médaille d’or et le diplôme de meilleur apprenti de France alors qu’il était en CAP post-bac Arts du bois option sculpteur ornemaniste au lycée public Napoléon, à L’Aigle (Orne), après un bac L au lycée Millet de Cherbourg-en-Cotentin.

Les Normands meilleurs apprentis de France, dont Nicolas Guilbert au 1er rang, à droite) au Théâtre du Châtelet, à Paris, mi avril 2025.
Les Normands meilleurs apprentis de France, dont Nicolas Guilbert au 1er rang, à droite) au Théâtre du Châtelet, à Paris, mi avril 2025. ©DR

« Il y avait 2 000 personnes, c’était impressionnant. C’est là qu’on se rend compte de l’importance du concours MAF, qui couvre 120 métiers », témoigne Nicolas Guilbert.

Meilleur ouvrier de France, c’est mon objectif. Mais pas avant 10 ans.

Nicolas Guilbert, Équeurdrevillais meilleur apprenti de France

Pour décrocher ce titre prestigieux, il fallait reproduire, à partir d’une simple photo et de quelques cotes une pièce en bois, une miséricorde (appelée patience ou crédence, c’est une petite console fixée à la partie inférieure du siège pliant d’une stalle de chœur) de l’église Notre-Dame de l’abbaye d’Aubazine, en Corrèze.

Nicolas Guilbert et la reproduction de miséricorde sculptée sur bois qui lui a permis de décrocher une médaille d'or de meilleur apprenti de France.
Nicolas Guilbert et la reproduction de miséricorde sculptée sur bois qui lui a permis de décrocher une médaille d’or de meilleur apprenti de France. ©Jean-Philippe MASSIEUVidéos : en ce moment sur Actu240 heures et un jury de meilleurs ouvriers de France

L’œuvre, du dessin à l’objet final, lui a demandé 240 heures de travail ! Un dossier doit être rédigé également et soumis à « un jury de cinq à six juges, tous des Meilleurs ouvriers de France (MOF) ou des artisans reconnues par leurs pairs ».

Les trois étapes de l'obtention de la fameuse pièce avec le diplôme de MAF ainsi que des premières pièces de marqueterie, spécialité de la 3e année de CAP post-bac suivie par Nicolas Guilbert.
Nicolas Guilbert avec sa médaille d’or et son diplôme ainsi que les trois étapes de l’obtention de la fameuse pièce (un dessin à partir d’une photo et de quelques cotes ; le moule en plâtre puis l’œuvre en bois) et ses premières pièces de marqueterie, spécialité de la 3e année de CAP post-bac qu’il suit désormais. ©Jean-Philippe MASSIEU

Nicolas Guilbert a passé les étapes départementale et régionale avec brio, avant de pouvoir se présenter au niveau national. « Je m’étais dit : On verra bien. Je vais donner mon maximum mais si je n’ai rien, ce n’est pas grave ». La première satisfaction était que les trois élèves du lycée Napoléon qui participaient en sculpture sur bois se sont qualifiés au niveau national. Et deux, dont Nicolas, ont été médaillés d’or pour quatre en tout « sur toute la France ». Mieux que la prestigieuse École Boulle, l’école supérieure des arts appliqués et lycée des métiers d’art, de l’architecture intérieure et du design, à Paris.

On a eu la chance avec la reconstruction de Notre-Dame d’avoir une énorme vitrine du savoir-faire français. La France est une référence artisanale à l’échelle européenne et internationale.

Nicolas Guilbert

C’est d’autant plus mérité que Nicolas « n’a pas grandi dedans », assure son père Loïc dont les yeux sont épris de fierté. Et c’est bien normal. « Moi, je suis analyste de risque » chez Naval Group tandis que Marie-Ange, la maman, travaille chez Capgemini. « On est à l’antipode. Mais on le pousse à fond. Je trouve ça génial. La vie, c’est des opportunités, il faut les saisir », lance le papa.

Plus étonnant, Nicolas ne dessinait pas particulièrement lorsqu’il était jeune : « J’étais resté aux bonhommes bâton ».

Pour l’instant, ce qui m’a le plus marqué, c’est la sculpture.

Nicolas Guilbert

Sans doute fallait-il révéler des gènes de talents manuels qui sont peut-être les mêmes gènes que ceux d’un des grands-oncles de Nicolas, restaurateur d’œuvres et capable de reproduire des tableaux de grands peintres comme Degas, par exemple.

« On a eu la chance de vivre sur quatre continents avec le travail. Cela a peut-être nourri sa créativité », estime également Loïc au sujet de son fils.

La marqueterie en 3e année avant le travail

Âgé de 23 ans et désormais en 3e année de CAP post-bac, l’Équeurdrevillais s’est lancé dans la spécialité de la marqueterie. Là encore, avec talent au vu de ses premières réalisations dont l’archange Saint-Michel. L’ouvrage qui a nécessité « peut-être 200 heures de travail » est un mix de marqueterie de bois et de paille. « Mon professeur, Yann Bonnafoux, est Meilleur ouvrier de France (MOF). Il ne l’avait jamais fait. C’est tout nouveau », savoure Nicolas Guilbert qui, forcément, est déjà courtisé par des chefs d’entreprise. Dont un était membre du jury du concours. Ainsi, Nicolas Guilbert ira en stage en juillet chez Meubles Doudart, au Teilleul (sud-Manche) « qui exporte partout en Europe ». « Si mon travail lui convient et que cela me convient aussi, alors, je serai embauché », sourit Nicolas.

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