Aujourd’hui, les scientifiques remontent la source des maladies graves comme l’endométriose. © Adobe Stock
On la croirait ordinaire. Pourtant, cette serviette hygiénique développée en Suisse pourrait bien bouleverser la santé des femmes. Son nom : MenstruAI. Un mot-valise qui associe “menstruation” et “AI” (intelligence artificielle), reflet de son fonctionnement : une analyse du sang menstruel via une bandelette réactive dont les résultats peuvent se lire à l’oeil nu ou grâce à une application mobile alimentée par l’IA.
Mise au point par une équipe de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), dirigée par le Pr Dimos Poulikakos, elle a pour mission de détecter, dès les premières règles du cycle, des biomarqueurs spécifiques de maladies graves comme l’endométriose ou certains cancers gynécologiques.
L’idée peut sembler audacieuse, mais elle repose sur une réalité scientifique longtemps ignorée : le sang menstruel est une mine d’informations médicales.
MenstruAI : c’est quoi ce nouveau dispositif de dépistage ? Endométriose, cancer de l’ovaire : des maladies invisibles, enfin visibles ?
Derrière ce projet, une motivation claire : raccourcir le délai de diagnostic, souvent trop long, pour des maladies invalidantes. Prenons l’endométriose. En France, près de 2 millions de femmes en souffrent, selon l’Inserm. Pourtant, le diagnostic intervient en moyenne 7 ans après les premiers symptômes. Le cancer des ovaires, lui, est plus rare mais redoutable. Près de 5 200 nouveaux cas chaque année, pour près de 3 500 décès, d’après Santé Publique France.
En ciblant trois protéines présentes dans le sang menstruel, CRP, CA-125 et CEA, la serviette MenstruAI agit comme un outil de détection précoce. La serviette contient une bandelette réactive, qui change de couleur au contact des biomarqueurs. Une application mobile permet ensuite d’analyser le résultat en quelques minutes.
Le sang menstruel, un déchet devenu allié
Jusqu’ici, peu d’études se sont intéressées au potentiel médical du sang menstruel. C’est pourtant une alternative non invasive au prélèvement sanguin classique, capable de fournir des données comparables sur certaines protéines clés.
La CRP, par exemple, indique un état inflammatoire, courant dans l’endométriose. Le CA-125 est connu pour être un marqueur tumoral du cancer de l’ovaire. Quant au CEA, il est souvent surveillé chez les patientes atteintes de certains cancers gynécologiques ou digestifs.
Règles et dépistage : la révolution MenstruAI est en marche Une avancée technologique, mais pas (encore) un test de diagnostic
Attention toutefois : MenstruAI n’est pas un test de diagnostic à proprement parler. Il s’agit d’un dispositif d’alerte précoce, un peu à la manière d’un thermomètre qui indiquerait qu’il faut consulter. Ce sont ensuite les examens médicaux qui confirment ou non un diagnostic.
Des essais cliniques sont en cours pour valider scientifiquement la fiabilité de ce nouvel outil. Les premières données sont prometteuses, et les chercheurs suisses espèrent une mise sur le marché dans les prochaines années.
Vers une démocratisation du dépistage gynécologique
MenstruAI pourrait aussi changer la donne dans des zones du monde où l’accès aux soins est limité. Une serviette hygiénique capable de détecter les maladies graves, utilisable à domicile, sans matériel médical, pourrait devenir une solution précieuse pour des millions de femmes.
C’est également une manière de lever le tabou autour des règles et de remettre le corps féminin au cœur de l’innovation médicale. En valorisant le sang menstruel comme indicateur de santé, MenstruAI s’inscrit dans une démarche de médecine préventive plus accessible, plus inclusive, et plus juste.
À SAVOIR
Le sang des règles contient des cellules capables de réparer certains tissus du corps. Des chercheurs s’y intéressent pour développer, un jour, de nouveaux traitements contre des maladies comme l’endométriose ou les douleurs chroniques.
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