L’escroc a sévi pendant un an. Sur Whatnot, plateforme de mise en vente libre de jeux de cartes à collectionner, de cartes de sport, ou encore de jouets et loisirs tendance, un Marseillais, « Maître Red », comme il se fait appeler sur Instagram, vendait à Andy R. des produits Pokémon et s’est fait extorquer 5 000 euros.
L’arnaque reposait sur un stratagème bien rodé : proposer des cartes Pokémon ou coffrets à prix attractifs, simuler des envois avec de faux bordereaux scannés à domicile, puis disparaître. Certains colis contenaient même… des pierres. Le « faux vendeur » allait jusqu’à revendre la même carte plusieurs fois.
La pierre envoyée à la place d’un produit Pokémon. PHOTO DRUn revendeur d’apparence fiable
« De base, j’étais son vendeur », explique à « La Provence » Maître Red. « Je lui ai envoyé des articles à plusieurs milliers d’euros, qu’il ne m’a jamais payés. On parle de 5 000 euros transférés en septembre 2024″, raconte la victime de la malversation, qui dit avoir réussi à récupérer 1 500 euros depuis. « Pour le reste, je pense que je l’ai dans l’os. Il ne veut rembourser personne », déplore le malheureux collectionneur.
Andy R., suivi par plus de 10 800 personnes Whatnot et avec plus de 2 000 ventes à son actif, inspirait pourtant confiance. « Il participait à des événements publics, on le voyait aux côtés de figures connues comme David Lafarge, le Youtubeur Pokémon à plus de 2 millions d’abonnés. Tout semblait carré », explique encore le collectionneur marseillais.
Un autre utilisateur a révélé la supercherie sur Instagram, réunissant dans un groupe les victimes de celui qui se faisait appeler « Pokelovee ». La conversation privée compte 61 membres. Le préjudice total est estimé à 100 000 euros.
Le profil de l’escroc sur Whatnot avant d’être banni. CAPTURE ECRAN WHATNOT – DR
Trente plaintes, dont certaines venues de Belgique, de la région parisienne et une de Marseille, ont été déposées pour des faits d’escroquerie, communément appelés « escroquerie aux sentiments ». La plainte de « Maître Red », – qui souhaite préserver son anonymat -, a été déposée le 22 mai. Dans cette dernière, que nous avons pu consulter, il est écrit : « Sur internet, j’ai été trompé(e) par l’usage de faux documents, de faux nom ou l’emploi de manœuvres frauduleuses, en l’espèce, par les documents joints à cette déclaration. Et cela m’a déterminé(e) à remettre des fonds. »
La conversation Instagram des victimes de l’arnaqueur de Whatnot. CAPTURE ECRAN – DR
Le revendeur peu scrupuleux a tenté de se recréer un profil sur Voggt, une plateforme concurrente, avant d’être identifié. Banni par Whatnot en mai 2025, il aura sévi pendant près d’un an, malgré des signalements répétés d’utilisateurs dès fin 2024.
L’un des signalements fait auprès de la plateforme. PHOTO DR
La plateforme a depuis remboursé certains acheteurs passés par Whatnot pour leur vente ou achat, mais beaucoup attendent encore réparation.