Deux hommes ont été jugés ce lundi en comparution immédiate après le saccage d’un bus et des outrages envers des policiers. L’un des prévenus, en état de récidive, a été incarcéré. L’autre a écopé d’un emprisonnement avec sursis.

La ville de Nantes n’a pas été épargnée par les débordements consécutifs à la victoire du PSG. Presque deux ans après l’incendie d’un busway lors des émeutes liées à la mort de Nahel, le réseau de transport en commun de l’agglomération nantaise a de nouveau été détérioré samedi soir. Vers 23h30, un bus sans voyageurs a été totalement saccagé dans le centre-ville, cours des 50 otages. Jets de barres de fer, vitres fracassées, intérieur démoli… Les images témoignent d’une extrême violence. Le préjudice n’a pas encore été évalué mais le véhicule est actuellement immobilisé. Le même soir, un magasin a été pillé.

«Huit personnes ont été interpellées dont sept en lien direct avec les faits de violences urbaines sur le bus et le commerce», indique la préfecture de Loire-Atlantique. Parmi ces individus, âgés de 12 à 37 ans, deux d’entre eux, alcoolisés au moment des faits, ont comparu devant le tribunal correctionnel de Nantes ce lundi.

Récemment sorti de prison

Âgé de 21 ans, Mohamed Taher S. a été jugé pour avoir donné un coup de pied sur le bus, arraché un essuie-glace et jeté un extincteur. Vêtu d’un tee-shirt portant l’inscription «TCHAD», en référence au pays de son enfance, ce père d’un enfant de 7 mois a tenté de minimiser son implication. «Ce n’est pas moi qui ai dégradé le bus, je l’ai trouvé déjà dégradé», a-t-il insisté depuis son box, refusant le rôle d’instigateur. En attendant d’être jugé dans une autre affaire relative au vol d’une bouteille de whisky à Saint-Nazaire, il a écopé de quatre mois de prison entièrement assortis d’un sursis simple. Côté financier, sa responsabilité dans le saccage du bus a été estimée à 10%.

À ses côtés, Abouzar O., 33 ans, a été condamné à sept mois de prison ferme, comprenant trois mois de révocation du sursis dont il bénéficiait. Arrivé en France en 2017, le jeune homme soudanais a été reconnu coupable de violence, outrage et rébellion envers des policiers. Samedi soir, au moment de l’interpellation de son comparse Mohamed Taher S., il a lui aussi été arrêté après avoir après s’en être pris à la police. Une fois maîtrisé, il a tenté de retourner le doigt d’un fonctionnaire, donné un coup à l’entrejambe d’un autre ou encore proféré des injures telles que «je vais te retrouver, je vais te tuer espèce de sale blanc». Vivant dans un squat depuis sa récente sortie de prison, ses problèmes avec l’alcool ont été évoqués, lui qui a raconté avoir perdu sa femme et trois frères dans les guerres soudanaises. «J’entends que ces individus ont une situation particulière. Pour autant les policiers n’ont pas à en être le réceptacle», a réagi l’avocate des fonctionnaires, qui n’ont pas pu intervenir dès le début faute d’effectifs suffisants.

Renforts de police

«Nous sommes en colère car il n’y avait pas de CRS samedi à Nantes. La Semitan (qui exploite le réseau de transports en commun, NDLR) n’était pas au courant qu’il y avait un risque important de débordements. Pourquoi la préfecture n’a pas communiqué ?», s’agace deux jours plus tard Nicolas Toquec, délégué syndical FO Naolib-Semitan. «Les autorités débordées… encore une fois !!!», a réagi la CFDT sur les réseaux sociaux.

Les services de l’État rappellent que le début de la soirée avait commencé dans une ambiance «festive et conviviale», évoquant la mise en place d’«un dispositif de sécurité préventif». «Nous avons rapidement fait évoluer le dispositif en sollicitant le concours de la CRS 82 à partir du moment où les effectifs de la police nationale ont été confrontés à des phénomènes de violences urbaines, commis par une centaine de personnes, pour beaucoup très jeunes, voire mineures. La CRS 82, qui est en permanence en alerte à Saint-Herblain, s’est déployée rapidement dans le centre-ville», détaillent les services préfectoraux. Le conducteur du bus n’a pas été touché et a pu être évacué. «Aucun blessé n’est à déplorer suite à ces faits de violences urbaines», précise la préfecture. En Loire-Atlantique, le commissariat de police de Saint-Nazaire a lui aussi été visé par des tirs de mortiers.