Des cagoules, des gants, un manche et une tête de pioche, des battes de base-ball, des bombes lacrymogène. Avec cet attirail dans leur voiture, ils n’allaient pas en promenade, c’est bien évident. Selon ce qu’il ressort de l’enquête qui les a menés, ce lundi, devant le tribunal correctionnel de Nanterre, les trois hommes auraient été envoyés par un commanditaire, le propriétaire d’un pavillon d’Issy-les-Moulineaux, pour expulser les squatteurs occupant sa maison.
Que nenni, ils n’ont « rien à voir » avec cette histoire, assurent-ils tour à tour à la barre. D’ailleurs, aucun d’eux ne savait ce qu’il y avait dans le coffre du Qashqai, lorsque la police les a contrôlés au soir du 22 décembre dernier, tout près de la rue Jules-Ferry où est érigé le pavillon insalubre et branlant occupé par des squatteurs.
La police les a contrôlés parce que le matin même, les squatteurs ont appelé la police après s’être fait agresser. Un groupe de quelques personnes aurait surgi dans la maison dépourvue de fenêtres et d’électricité pour asperger les occupants des lieux de gaz lacrymogène et disparaître dans un Qashqai, dont l’immatriculation a été relevée.
« Une enquête lacunaire »
« C’est la voiture d’un ami, balaie Hasan P., 25 ans, ambulancier de métier. Les battes, c’est à lui, c’était pour s’amuser dans le jardin. » Pour le reste, il n’a « rien vu ».
Les deux autres ne nient pas qu’ils avaient des cagoules. Forcément, on en a retrouvé dans leurs poches. « C’est pour le froid », se défendent-ils. Et s’ils étaient sur place le matin même, c’était pour « voir un ami ». Ledit ami est agent de sécurité et montait la garde devant la maison délabrée. « Vous comprenez que les policiers peuvent penser que vous êtes venus lui prêter main-forte ? » interroge le président.
Et il y a ce message dans le portable de Yacine L., 28 ans. « Faut entrer dans la baraque par-derrière. Les condés vont rester devant jusqu’à 19 heures. » « Franchement, je ne me rappelle pas de cette conversation », se défend l’intéressé.
Et comme il n’y a pas eu de recherche pour identifier son correspondant, que le propriétaire n’a pas répondu aux policiers, que les squatteurs n’ont pas déposé plainte, les avocats de la défense, Mes Fabien Arakelian et Sevin Kasay, ont plaidé la relaxe, déplorant « une enquête lacunaire », sans même un prélèvement ADN, pas plus qu’une confrontation avec ceux qui dénoncent les violences.
Pour le tribunal, les trois hommes sont pourtant bien coupables de l’infraction reprochée : participation à un groupement en vue de la commission de violences contre les personnes. Ils sont condamnés à des jours-amendes, qui s’échelonnent de 1 200 à 1 500 euros.