Chaque production présente son lot de difficultés. À l’Opéra de Marseille, pour la clôture de la saison 2024-2025, le mot d’ordre était une nouvelle fois de proposer à un public forcément averti, un spectacle intense et élégant que l’on garde en mémoire.
Du Giuseppe Verdi pour ainsi terminer l’année en beauté, et lancer les réjouissances de la saison à venir, signe de la bonne vitalité du lieu ? « C’est toujours bien, c’est facile et plaisant à voir et à écouter », lâchait une spectatrice dimanche 1er juin peu avant le début de l’ultime rendez-vous de l’année, le chef-d’œuvre Le Trouvère du compositeur italien. On aurait bien sûr pu penser que cet opéra en quatre actes, maintes fois joué à travers le monde, salué unanimement un peu partout, manquerait peut-être d’originalité et d’audace. Il n’en fut rien.
Une création visuellement impeccable
C’était sans compter cette création visuellement impeccable et modernisée sur certains aspects, dans une coproduction avec l’Opéra de Saint-Etienne et celui de Marseille, mise en scène par Louis Désiré. Cette première de plus de deux heures trente, entracte compris, passait sans un seul instant d’ennui. Le tout, il faut le souligner, étant porté par la fougue incandescente d’une artiste, la soprano Angélique Boudeville, qui se glisse magistralement dans le rôle de Leonora.
L’artiste lyrique n’avait jusqu’alors jamais joué dans un opéra de Verdi. La semaine passée, dans nos colonnes, elle évoquait ce rôle fort : « Dans mes aspirations les plus profondes, je rêvais d’interpréter ce rôle un jour. C’est une œuvre bouleversante et Leonora me touche parce que c’est une héroïne noble, de cœur, d’esprit, d’âme qui va jusqu’au sacrifice ultime. »