Au moment où la France pleure le décès du professeur Étienne-Émile Baulieu, père de la pilule de « contragestion » (terme qu’il préférait à « abortive ») et militant pour les droits des femmes, le Royaume-Uni traque les victimes de fausses couches. Désormais, elles seraient tout simplement suspectes d’avoir avorté illégalement.
Depuis cet hiver, une directive passée sous les radars encourage les services de police britanniques à faire du zèle : perquisition, fouilles dans le téléphone ou l’ordinateur, surveillance des applications personnelles de gestion des cycles menstruels sont autorisées afin de débusquer une éventuelle interruption volontaire de grossesse.
L’accès légal à l’avortement pas systématiquement assuré
Pourtant, l’avortement a bien été décriminalisé en 1967… mais il est toujours sous le pouvoir de décision de l’institution médicale. L’accord de deux médecins est nécessaire pour autoriser l’acte. Le soin peut alors avoir lieu dans un établissement conventionné ou à domicile pour une interruption médicamenteuse, mais toujours après double accord médical. Et, au-delà de la période légale de vingt-quatre semaines de grossesse autorisant l’IVG, des peines d’emprisonnement peuvent être requises en Angleterre et au pays de Galles, en raison d’une loi remontant à 1861.
Si le délai est l’un des plus progressistes en Europe (quatorze semaines en France), l’accès légal à l’avortement n’est cependant pas systématiquement assuré. Pendant la période du Covid, les services médicaux souffrant déjà de coupes budgétaires ont restreint les interventions.
Résultat : plusieurs femmes ont dû garder leur enfant contre leur volonté, avait alors alerté le BPAS (British Pregnancy Advisory Service). Mais renforcer le contrôle policier sur les fausses couches atteste une nouvelle étape contre les droits reproductifs. Le revirement aux États-Unis nous l’a démontré : ces droits restent partout fragiles. Le corps des femmes leur appartient et nombreux sont ceux qui ne le supportent toujours pas.
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