En Île-de-France, l’ouverture à la concurrence des transports publics fait l’unanimité… contre elle. Selon un sondage Ifop commandé par la CGT RATP et dévoilé ce mardi 3 juin, 77 % des Franciliens interrogés se déclarent favorables à un référendum sur les privatisations de lignes de bus, tram, métro, RER et Transiliens mises en œuvre par la présidente d’Île-de-France Mobilité (IDFM), Valérie Pécresse.
« Les Franciliens ont en mémoire les privatisations des autoroutes, de l’énergie et de la Poste et constatent que l’ouverture à la concurrence de services publics n’a jamais amélioré le prix ni la qualité de l’offre », se félicite Vincent Gautheron (CGT). Ainsi, 53 % des sondés assurent voter en faveur de l’arrêt de la privatisation, si un tel scrutin était organisé.
Plus encore, selon l’étude commandée auprès de l’Ifop, 77 % des usagers déclarent ignorer que la privatisation a déjà commencé ni ce qu’elle implique. « 68 % réclament même un moratoire dans l’attente du référendum. Cela traduit une exigence démocratique et une volonté de ne pas laisser envoyer dans le mur les transports publics », souligne Céline Malaisé, présidente du groupe PCF à la région.
« Les usagers constatent l’échec de mises en délégations de service public »
D’ailleurs, 63 % des sondés pensent que la privatisation n’améliora pas la qualité de service. « Les usagers, toutes catégories socioprofessionnelles, sont manifestement inquiets. Et cette sensibilité à la qualité de l’offre de transport est exacerbée en grande couronne, notamment chez les usagers des lignes transiliens, qui constatent l’échec de mises en délégations de service public des lignes de bus Optile », poursuit l’élue communiste. Pour rappel, dès 2021, en grande couronne, 120 contrats d’exploitations ont été regroupés en 36 lots du réseau de bus Optile, puis soumis à des appels d’offres. Entraînant de nombreux dérèglements sur la qualité de l’offre de transports.
Ainsi, entre le lundi 12 et le vendredi 16 mai, plus de 2 282 trajets de bus ont été supprimés, soit par manque de matériel roulant, soit par absence de personnel, selon le groupe PCF à la région. « Trois ans après la mise en place de ces délégations de service public en grande couronne, nous avons acquis une expertise. Ce qui a fonctionné pour Optile réussira à Paris et sa proche banlieue », se défendait pourtant dans nos colonnes, en novembre 2024, Grégoire de Lasteyrie, premier vice-président d’IDFM.
Les Britanniques renationalisent, l’Île-de-France privatise
« Cette privatisation à marche forcée s’accompagne d’un manque de clarté démocratique. Valérie Pécresse n’a pas fait campagne sur l’ouverture à la concurrence en 2015 et 2021. Manifestement, l’inquiétude est de mise concernant le réseau de transports d’Île-de-France. Cette région représente le tiers du PIB national et son réseau doit répondre à ses obligations économiques, sociales et environnementales », tranche Vincent Gautheron (CGT).
A contrario de la Grande-Bretagne, pionnière dans la privatisation du rail dès le milieu des années 1990, mais qui s’efforce désormais de renationaliser son réseau ferroviaire, c’est un véritable big bang qui s’opère en Île-de-France. D’ici le 1er novembre 2026, la gestion de l’ensemble des lignes de bus sera opérée par des sociétés de droit privé. Il en va de même pour les réseaux de tram (2030) et de métro et RER (2040).
Une tarification jugée excessive
Autre enseignement de cette étude, la défiance grandissante à l’encontre des tarifications. Selon l’Ifop, 78 % des Franciliens jugent le tarif actuel en Île-de-France trop élevé, malgré la fin des tarifications en zone, des tickets à usage unique, depuis le 1er janvier.
Ces derniers ont été remplacés par des tickets au prix de 2,50 euros pour les métros et RER et de 2 euros pour les bus et tram. « Depuis 2015 et l’arrivée de la droite à la tête de l’Île-de-France, le pass Navigo a augmenté de 200 euros sur une année et par usagers, avec à la clé une dégradation de l’offre de service, insiste Céline Malaisé. Ce résultat n’est pas une surprise, c’est une préoccupation qui monte sur tous les territoires et pas seulement le plus populaire comme en Seine-Saint-Denis. »
Pour rappel, IDFM a dû débourser la bagatelle de 4,9 milliards d’euros afin de racheter le matériel roulant et les dépôts de bus RATP soumis à la concurrence et les premiers agents seront transférés dans des sociétés de droits privés, à compter du 1er novembre 2025. Et « l’accord de financement entre l’État et IDFM prévoit une hausse continue du pass Navigo », assure l’élue PCF.
Face à une colère grandissante chez les Franciliens et les agents RATP, Vincent Gautheron (CGT) veut saluer « le bilan du collectif Stop Galère, qui regroupe syndicats, élus et associations et dont les mobilisations et réunions publiques ont permis de démocratiser de manière populaire et massive les enjeux liés à la privatisation ». De quoi accroître la pression pour arracher un référendum ?
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