Une femme atteinte d'un cancer qui vient passer un moment au Centre Ressource Lyon Chaque année en France, près de 190 000 femmes découvrent qu’elles sont touchées par un cancer, selon les chiffres de l’Institut national du cancer (Inca). © Freepik

Chaque année en France, plus de 430 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués, dont une part croissante chez les jeunes, selon Santé Publique France. Face à cette réalité, le Centre Ressource Lyon propose depuis 2019 une autre manière de vivre la maladie.

Fondée en 2017 par la gynécologue Christelle Besnard-Charvet, l’association s’est installée dans le 9ᵉ arrondissement de Lyon avec un objectif clair : placer la qualité de vie au cœur du parcours de soin.

Le centre repose sur le principe de l’oncologie intégrative, une approche qui combine traitements médicaux conventionnels et pratiques complémentaires : soutien psychologique, activité physique adaptée, nutrition, gestion du stress, valorisation de l’image de soi… Encadrées par des professionnels bénévoles, ces activités permettent aux patients mais aussi à leurs proches de mieux traverser la maladie, dans un cadre solidaire et humain.

À l’occasion de l’émission Votre Santé du mardi 6 mai 2025, le Dr Christelle Besnard-Charvet revient sur la création du Centre Ressource Lyon, les enjeux de l’accompagnement intégratif et les défis à venir face à l’évolution des cancers, notamment chez les plus jeunes.

Centre Ressource Lyon : “améliorer la qualité de vie des malades du cancer” Quelle est la vocation du Centre Ressource Lyon ?

C’est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général. Elle a été créée en 2017 et a ouvert ses portes en 2019. Le cœur de notre projet, c’est ce qu’on appelle l’oncologie intégrative : on associe la médecine conventionnelle à des pratiques complémentaires pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cancer.

On a installé l’association dans un lieu chaleureux, dans le 9ᵉ arrondissement de Lyon. Et en décembre 2024, on a ouvert une antenne à Vienne. Aujourd’hui, une centaine de bénévoles font vivre le projet.

Quels types de programmes proposez-vous ?

On a deux grands types d’activités : des séances individuelles et des ateliers collectifs.

Tout notre accompagnement tourne autour de cinq axes : le lien social, l’image de soi, la nutrition, l’activité physique et les pratiques psychocorporelles pour gérer le stress.

Comment est financée l’association ?

Tout est parti d’une rencontre avec Romain Migliorini, qui était président de la MTRL, une mutuelle lyonnaise. Il est malheureusement décédé depuis. 

C’est grâce à lui qu’on a pu obtenir le local, qui est aujourd’hui mis à disposition par la MTRL et les assurances du Crédit Mutuel.

Le suivi d’un patient atteint d’un cancer : un parcours singulier Pourquoi avoir choisi de vous consacrer aux cancers en particulier ?

Je suis chirurgienne gynécologue. J’ai donc opéré beaucoup de femmes atteintes de cancers du sein, de l’ovaire ou de l’utérus. Très vite, j’ai vu qu’on s’occupait bien de la quantité de vie, grâce aux traitements, mais beaucoup moins de la qualité de vie.

Or, cette qualité de vie peut vraiment faire la différence : elle donne de l’espoir, elle aide à mieux supporter les traitements… Elle joue un rôle essentiel dans le processus de guérison et dans la prévention des rechutes.

Le lien entre les patients est aussi essentiel, non ?

Oui, complètement. Quand le Dr Jean-Loup Mouysset a lancé le premier Centre Ressource à Aix-en-Provence, certains médecins lui disaient : “Tu ne peux pas mettre des gens atteints de cancer ensemble, ça va mal se passer.” Eh bien c’est tout l’inverse ! Chez nous, le mot “cancer” est rarement prononcé. Les gens savent qu’ils partagent ça, mais il y a une vraie légèreté, une solidarité, une complicité qui se crée. C’est même un des piliers du centre.

Oncologie : les cancers gagnent du terrain chez les jeunes  Les cancers touchent de plus en plus de monde, et plus jeune aussi. Vous le constatez ?

Oui, très clairement. On voit arriver de plus en plus de jeunes, notamment des femmes atteintes de cancer du sein. Mais ce n’est pas le seul. Le cancer du pancréas, par exemple, est un vrai fléau en ce moment. Et la prise en charge des jeunes, c’est un vrai défi. Ce n’est pas du tout la même chose que pour une personne âgée. Il y a l’impact social, les questions d’intimité… Et puis, quand on a un cancer à 30 ans, on vit avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête pendant longtemps.

Le cancer du poumon touche-t-il aussi de plus en plus de femmes ?

Pas spécialement dans notre centre, car on a toujours eu une majorité de femmes, surtout pour les cancers du sein. Mais on sait qu’il faut adapter nos programmes. Une personne atteinte d’un cancer du poumon n’a pas les mêmes besoins qu’une femme avec un cancer du sein. On personnalise déjà beaucoup, mais il va falloir aller encore plus loin et créer des parcours spécifiques selon les types de cancer.

Aujourd’hui, on a déjà des programmes pour les personnes qui vivent un premier cancer, d’autres pour celles qui font une récidive, et même pour les proches aidants. Tout ça se fait sur plusieurs mois, avec un accompagnement par des professionnels. L’idée, c’est que les gens aillent mieux à la fin du parcours.

Comment participer aux activités ?

C’est très simple : il n’y a pas d’adhésion obligatoire. On commence toujours par un entretien individuel avec un professionnel de santé bénévole. Ensuite, on construit ensemble un programme adapté.

On demande une participation de 30 euros par mois pour aider au fonctionnement du centre, mais si une personne ne peut pas payer, elle ne paie pas. Tout est basé sur la solidarité.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du mardi 3 juin 2025 sur Ma Santé TV.

À SAVOIR 

Selon l’Institut National du Cancer (INCa), les soins oncologiques de support, dont s’inspire directement l’oncologie intégrative, sont officiellement reconnus comme indispensables dans le parcours de soin des patients atteints de cancer. Depuis 2017, la stratégie décennale de lutte contre le cancer encourage leur développement sur l’ensemble du territoire, en lien avec les établissements de santé et les structures associatives comme le Centre Ressource Lyon.

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