Malgré la fragilité de leur matériau, ils étaient restés intacts pendant plus de deux millénaires… Jusqu’à ce vendredi 30 mai. En proie à un apparent épisode psychotique, un touriste chinois âgé de 30 ans a en effet endommagé deux statues issues de la fameuse Armée de guerriers en terre cuite de l’empereur Qin (210–209 av. J-C.). Les faits se sont déroulés au sein du musée qui les expose dans de vastes hangars sur les lieux mêmes de leur découverte : le mausolée de Qin Shi Huang, près de la ville de Xi’an, ancienne capitale du pays située dans la province du Shaanxi.

Le visiteur a « escaladé la barrière de sécurité et le filet de protection » puis « sauté » dans la fosse n°3, profonde de 5,4 mètres, où sont alignées les statues, puis cassé deux guerriers en argile après les avoir « poussés » et « tirés », ont révélé samedi dernier les autorités locales dans un communiqué.

Un homme a détruit des statues de l’armée en terre cuite

Un homme a détruit des statues de l’armée en terre cuite, 2025

L’homme, qu’une vidéo montre prostré et visiblement en souffrance au milieu des statues renversées, et qui a peu après été maîtrisé, serait atteint de « troubles mentaux ». L’enquête se poursuit après une fermeture temporaire qui a été suivie d’une réouverture ce samedi, dès le lendemain de l’incident.

Une merveille de l’Empire chinois

Cette foule solennelle a été enterrée en 210–209 avant J.-C. pour monter la garde à l’est de la tombe de l’empereur Qin Shi Huang.

Cet ensemble de 8 000 sculptures de fantassins, cavaliers, archers et autres personnages (tous uniques) figure, avec la Grande Muraille et la Cité interdite, parmi les plus grandes fiertés patrimoniales de la Chine. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, il représente en trois dimensions et grandeur nature les troupes du premier empereur de Chine, Qin Shi Huang (259–210 av. J.-C.). Enterrée en 210–209 avant J.-C. pour monter la garde à l’est de la tombe de ce dernier, cette foule solennelle, alignée à perte de vue, a été façonnée à la main, gravée et cuite par 700 000 artisans, avant d’être redécouverte en 1974 par des agriculteurs et aujourd’hui exposée dans ses fosses d’origine.

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Le pouce d’un cavalier en terre cuite cassé et dérobé en 2017

Ce n’est pas la première fois que ces guerriers subissent une étrange mésaventure. Le 21 décembre 2017, de retour d’une soirée de Noël à thème « pulls moches », un homme en état d’ivresse, Michael Rohana, s’était introduit illégalement avec des amis dans les salles du Franklin Museum de Philadelphie, où il avait brisé (en touchant la statue pour prendre un selfie) puis dérobé et dissimulé chez lui le pouce d’un cavalier issu de cette armée. Filmé par les caméras de vidéosurveillance, l’acte avait provoqué un scandale international et contraint le musée à présenter des excuses officielles à la Chine, qui lui avait prêté la statue pour une exposition. Rohana s’en était tiré avec 100 heures de travaux d’intérêt général, cinq ans en liberté surveillée et plusieurs milliers de dollars d’amende et de compensations financières, ainsi qu’un sermon du juge l’accusant d’avoir déshonoré les États-Unis. De quoi prendre un peu plus conscience de la valeur de ces trésors archéologiques.

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