Appartenant au consortium russe United Shipbuilding Corporation, le chantier Yantar de Kaliningrad, en Baltique, a dévoilé le 30 mai, à l’occasion d’une cérémonie de lancement, le futur bâtiment de débarquement Vladimir Andreyev. Évolution de l’Ivan Gren, il permettra de renforcer les capacités amphibies et logistiques de la Russie.

Le bâtiment de débarquement Vladimir Andreyev a été officiellement lancé le vendredi 30 mai au chantier naval Yantar, dans l’enclave russe de Kaliningrad, au bord de la mer Baltique. La coque a été transférée sur un dock flottant, à partir duquel le navire sera ensuite mis à l’eau selon un calendrier qui n’a pas fuité. Mis sur cale le 23 avril 2019, tout comme son sistership le Vasily Trushin, le Vladimir Andreyev accuse un important retard. Il devait initialement être mis en service en 2023 ou 2024. La crise sanitaire et ensuite la guerre en Ukraine ont bouleversé ce plan et on ne sait pas à quelle échéance le Vladimir Andreyev, sur lequel il reste encore un important travail d’achèvement, sera terminé. L’Ivan Gren, autre navire de débarquement russe, avait été lancé en 2012 pour une mise en service en 2018. Un délai qui fut plus court pour la deuxième unité de ce type, le Pyotr Morgunov, lancé en 2018 et mis en service en 2020. 

 

La proue du Vladimir Andreyev. Une porte surmonte le bulbe d’étrave.

 

Le retard pris par le Vladimir Andreyev qui peut aussi partiellement s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’une version totalement repensée de l’Ivan Gren. Ce dernier mesure 135 mètres de long pour un déplacement de 6600 tonnes. Son chargement peut compter jusqu’à 13 chars de bataille ou une quarantaine de blindés légers avec 300 hommes de troupe. Ce LST (Landing Ship Tank) est conçu pour débarquer ses véhicules à même la plage. Le Vladimir Andreyev reprend cette caractéristique à l’aide d’une porte à la proue. Toutefois, sa taille et son déplacement devraient être considérablement augmentés, certains documents le donnant pour 9500 tonnes. De même, il diffère en terme d’agencement des superstructures avec un seul bloc contre deux séparés pour l’Ivan Gren et le Pyotr Morgunov. Cela en fait logiquement une classe à part. On notera qu’il dispose d’installations aéronautiques lui permettant d’embarquer quatre hélicoptères, dont des appareils d’attaque Kamov Ka-52K, prévus originellement pour les Mistral construits en France et que Paris avait refusé de livrer à la Russie suite à l’invasion de la Crimée (les ex-Vladivostok et Sevastopol ayant été finalement rachetés en 2015 par l’Égypte).  

 

L’Ivan Gren et ses superstructures en deux blocs à l’inverse du futur Vladimir Andreyev.

 

La Russie a en tout cas bien besoin de nouvelles unités amphibies. Sa flotte existante comprend les deux navires modernes de type Ivan Gren, le tête de série et son sistership le Pyotr Morgunov, trois anciens LST de classe Tapir de 5.000 tonnes de déplacement et enfin une dizaine de LST de classe Ropucha de 4000 tonnes dont l’état est partiellement connu. Deux d’entre eux ont été détruits par les Ukrainiens, les Tzesar Kunikov et Novocherkassk. D’autres ont été sérieusement endommagés, a priori les Minsk et Olenegorsky Gornyak. Des bâtiments, qui peu importe leur nombre, accusent un âge certain, le dernier d’entre eux ayant été mis en service en 1991. 

 

Un Ropucha suivi par une frégate de Type 23 britannique.

 

Les nouveaux bâtiments de débarquement seront particulièrement utiles pour soutenir les opérations extérieures russes. L’Ivan Gren est régulièrement mis à contribution pour le rapatriement du contingent russe de Syrie et globalement pour les opérations logistiques en Méditerranée. On notera également que la Russie progresserait dans l’assemblage du futur porte-hélicoptères d’assaut Ivan Rogov, une alternative locale aux Mistral français justement. Toutefois, la construction de ce premier LHD (Landing Helicopter Dock) russe se déroule en Crimée, à Kerch, donc à portée des Ukrainiens. Ces derniers ont prouvé encore très récemment leur capacité à infliger de lourdes pertes aux Russes, y compris en profondeur du territoire russe avec une attaque simultanée de plusieurs bases aériennes et navales à l’aide d’essaims de drones kamikazes. Alors que la flotte de la mer Noire a été contrainte se réfugier plus à l’Est, on peut légitimement se poser des questions sur la vulnérabilité du chantier de l’Ivan Rogov, qui peut constituer une cible de choix pour Kiev.

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