Publié le
3 juin 2025 à 18h02
Porte-parole du syndicat de police Un1té en Île-de-France, Reda Belhaj a répondu à trois questions de La République de Seine-et-Marne au sujet de la nouvelle circulaire du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, autorisant systématiquement la poursuite des véhicules en fuite. Pour lui, c’est une avancée, mais on est encore loin du compte.
Cette nouvelle circulaire est-elle une avancée pour les policiers ?
Jusqu’à présent, la prise en charge des véhicules à la suite d’un refus d’obtempérer était rarement tolérée, ce qui crée une frustration chez les policiers, parce que notre travail, c’est d’intercepter lorsque l’on constate ce genre de délit. Cette circulaire est donc une très bonne chose face au niveau actuel de délinquance. Malheureusement, autoriser ne veut pas dire légitimer. Ce qui signifie que nous ne sommes pas protégés juridiquement. Donc s’il y a un problème, c’est toujours la responsabilité du policier qui sera mise en cause, comme on a pu le voir à l’occasion de l’affaire Nahel (mort d’un adolescent de 17 ans causée par le tir à bout portant d’un policier le 27 juin 2023, ndlr).
Avez-vous constaté une augmentation récente du nombre de refus d’obtempérer ?
En termes de ressenti, il n’y a pas de changement. Nous n’avons pas de données chiffrées. Avant, on parlait d’un refus d’obtempérer toutes les 17 minutes en France. Certains médias ont avancé une baisse de ce chiffre, c’est possible, mais sur le terrain, nous ne nous en sommes pas rendu compte. Pour nous, les individus ne changent pas d’attitude, et ce, quel que soit leur profil.
En Angleterre, la police est autorisée à tamponner les chauffards lors des courses-poursuites. Cela pourrait-il être une solution ?
Non, pas du tout. En tout cas, nous sommes contre du côté de notre syndicat. En effet, on dit toujours à un policier d’intervenir à l’appréciation et avec discernement. Cela veut dire que si cela tourne mal, c’est la responsabilité du policier qui sera engagée. Donc si vous allez au choc avec un véhicule et que la ou les personnes impliquée (s) décèdent, c’est sur le policier que cela va retomber, alors qu’initialement, nous étions sur un refus d’obtempérer. Nous ne demandons évidemment pas à pouvoir faire tout ce que l’on veut, mais il y a un gros travail à faire sur la protection juridique du policier.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.