Le nerf de la guerre, c’est le drone. L’Ukraine et la Russie l’ont bien compris, investissant de considérables sommes dans la construction ou l’achat de millions d’aéronefs. L’Ukraine est devenue experte dans l’art de fabriquer des drones FPV, des plus avancés technologiquement aux plus artisanaux. Exploit rare, le pays est même parvenu, dans certains cas, à produire de certains drones à se passer de la Chine, pourtant leader sur le marché.
Le mois dernier, rapporte Forbes, le fabricant ukrainien Vyriy Drone a effectué une remise officielle du premier lot de 1 000 drones FPV « 100 % ukrainiens ». Un porte-parole de l’entreprise a déclaré que le gouvernement n’avait pas exigé une production locale, mais que cela avait été un objectif à long terme de l’entreprise. Vyriy Drone fabrique des FPV depuis plus de deux ans.
Ukraine – Russie : les avions militaires de la guerre
Des drones plus abordables et plus sûrs
Le porte-parole a indiqué que Vyriy fabrique ses propres cadres, cartes d’initiation, contrôleurs de vol et systèmes de radiocommande, et que d’autres composants, y compris les caméras et les transmetteurs vidéo, proviennent d’entreprises ukrainiennes.
« Alors que depuis le début de la guerre la plupart des composants venaient de Chine, la plupart sont désormais produits localement », certifie pour Forbes la docteure Oleksandra Molloy de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, autrice d’une étude pour le Centre de recherche de l’armée australienne sur les leçons tirées de la guerre en Ukraine. « Les fabricants ukrainiens recherchent constamment des composants pour les améliorer. »
« Au départ, on pensait généralement qu’on ne pouvait pas battre la Chine sur les prix », a écrit l’analyste ukrainien Serhii Flash sur sa chaîne Telegram. « Jamais. Mais la concurrence, le temps, les volumes et l’optimisation des processus commerciaux font des miracles. »
« La production locale permet de contrôler tous les aspects du processus technologique, y compris l’amélioration et l’adaptation aux besoins militaires spécifiques du pays, et de réduire les risques de pièces défectueuses » explique Oleksandra Molloy. Et cela « atténue les vulnérabilités associées aux perturbations des chaînes d’approvisionnement internationales et aux éventuelles contraintes politiques pesant sur les achats étrangers ».
Couper le cordon chinois
Et pour l’Ukraine, la fin de la dépendance aux composants chinois pourrait trancher entre défaite ou victoire. Ainsi, la Chine renforcerait actuellement les contrôles à l’exportation sur la vente de composants utilisés dans la fabrication de drones. Une surveillance accrue qui handicape Kiev, mais pas Moscou, partenaire commercial privilégié de Pékin.
En novembre 2024, l’Union européenne avait d’ailleurs affirmé disposer de preuves « concluantes » (Euronews) que des drones armés étaient fabriqués pour l’armée russe dans la région occidentale du Xinjiang, en Chine. Des allégations niées par Pékin.
Plus récemment, le service estonien de renseignement extérieur a indiqué que l’Empire du Milieu aidait son voisin à produire des drones militaires, devenant une plaque tournante pour la contrebande de composants occidentaux essentiels pour les forces armées de Moscou. Quelque 80 % de ces composants qui arrivent en Russie proviennent désormais de Chine, indique le rapport officiel (Reuters).
Article initialement publié le 10 avril.