Deux anciens Premiers ministres, Édouard Philippe et Michel Barnier, et un patron de parti, Éric Ciotti (ex-Les Républicains désormais UDR) publient chacun un livre politique ce mercredi. Les trois auteurs sont de droite et tous veulent peser sur la présidentielle.
Le Premier, déjà candidat officiel au nom de son parti, Horizons, dénonce dans Le prix de nos mensonges (*) la cécité de la société face aux défis qu’elle a à surmonter.
Vers le centre ou vers la droite ?
Les deux autres ne sont pas candidats mais veulent influer. Michel Barnier, à travers une série de portraits, parle beaucoup de son camp dans son livre (**). Il égratigne notamment Éric Ciotti, qui a quitté LR en quelques heures, pour rejoindre le Rassemblement national de Jordan Bardella. « Il cherche depuis à habiller cette trahison par des arguments et des raisonnements politiques. Il ne s’agit en réalité que d’un ralliement opportuniste pour préserver ou conforter sa place à Nice et réaliser un jour son rêve de devenir ministre de l’Intérieur », écrit Michel Barnier.
Non, répond le Niçois, qui affirme dans son livre (***) que la droite ne peut gagner sans une alliance avec le RN, après avoir dit le contraire durant des années. Il fait le constat que l’électorat traditionnel de droite est désormais au RN.
La parution simultanée de ces trois ouvrages éclaire sur les lignes de fracture à droite, en pleine recomposition à moins de deux ans de la présidentielle. Alors que le poids de la gauche réunie est historiquement faible (environ 30 % de l’électorat) et qu’à droite a surgi un nouvel homme fort, Bruno Retailleau, tous accélèrent.
Les lignes ont bougé
La stratégie d’Édouard Philippe est d’attirer à lui l’électorat de droite, le bloc central jusqu’aux socio-démocrates, tout en n’apparaissant pas comme l’héritier d’Emmanuel Macron. Michel Barnier estime aussi qu’il ne faudra qu’un candidat sur ce qu’il a appelé « le socle commun ». Le maire du Havre promet « un projet massif » et s’adresse aux Français plus qu’aux partisans d’un bord politique. « Mon objectif n’est pas de me positionner par rapport à une étiquette », confirme l’ancien Premier ministre dans son livre. Il enjambe tout affrontement partisan pour réunir autour de lui et du constat qu’il fait de l’état du pays.
Éric Ciotti, pas candidat mais désormais dans la roue du RN, rejette tout axe central. Il fait le pari que la présidentielle se jouera à droite, sans ceux qui gouvernent le pays. Pour lui, LR même avec Bruno Retailleau, est un parti « mort » et il compare Édouard Philippe à « un robinet d’eau tiède ». La droite RN n’est plus pour lui « extrémiste » comme il le pensait il y a encore moins d’un an. Les lignes ont bougé depuis 2017 et l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Elles évolueront encore d’ici 2027.
(*) Le prix de nos mensonges (éditions JC Lattès).
(**) Ce que j’ai appris de vous. Chroniques pour demain (éditions Calmann-Lévy).
(***) Je ne regrette rien (éditions Fayard).