Par

Alan Sénicourt

Publié le

4 juin 2025 à 7h16

À 6 h 20, l’esplanade du champ de Mars de Lille est déjà noire de monde. Ça contrôle la pression des pneus, ça vérifie la fonctionnalité du dérailleur, ça prépare le compteur… L’équipe organisatrice distribue les derniers dossards. Dans l’enveloppe 769, une plaque de cadre, un dossard avec mon prénom et un bracelet pour accéder aux trois ravitaillements.

6 h 45 : la bécane est prête. Les jambes, on verra… Certains ont le sourire, d’autres ont l’air un peu stressés. 167 km, ça peut donner le vertige.

À quelques minutes du départ protocolaire donné à 7 h, je lève la tête, par curiosité, pour tenter d’apercevoir Jaja, le parrain de cette édition 2025. Et oui. Il est là. Laurent Jalabert, tout sourire sous le ciel gris lillois, avec son maillot jaune floqué Lille-Hardelot, prend quelques dernières photos avec ses fans. J’avoue que ce moment-là, pendant lequel tu es sur une ligne de départ avec Laurent Jalabert, est spécial. Et tu sais qu’il restera spécial.

Puis le speaker donne le départ et les 7 500 participants fournissent leurs premiers coups de pédales.

J'ai testé pour vous Lille-Hardelot
Au départ à Lille. ©Alan Sénicourt

Les 40 premiers kilomètres sont passés très vite. Tu es frais, c’est plat, tu suis les roues… C’est facile, le vélo, comme ça !

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Et puis tu arrives au pied du mont des Cats, première difficulté de la journée. Et là, tu sens que ça ralentit. La notion d’aspiration devient vague quand la route commence à s’élever. Tout le monde roule désormais à son propre rythme. On entend par dizaines le bruit des chaînes qui descendent d’un plateau. On y est. 2,5 km à 4 % de pente moyenne et des passages à 11 %. Au sommet, beaucoup s’autorisent une première pause devant l’estaminet, non loin de l’abbaye, à 164 m d’altitude, avec une vue imprenable sur les Flandres.

Des bénévoles au top !

Au bout de 70 km, le premier ravitaillement s’offre à nous. J’avais vu quelques commentaires sur le fait qu’il y avait beaucoup trop de monde sur les ravitos et qu’on y perdait du temps. En arrivant à Lynde et en voyant la queue, j’ai hésité à renfourcher mon vélo pour continuer. Puis je me suis dit : « C’est aussi ça, l’ambiance de Lille-Hardelot ». Je suis resté. Au bout d’un quart d’heure, j’étais déjà ressorti. Pour résumer : il y a beaucoup de monde, mais l’organisation est au top et ça roule ! Je place d’ailleurs ici un grand merci aux centaines de bénévoles mobilisés pour faire en sorte que cet événement existe.

Un café, un sandwich, quelques morceaux de fruits, les bidons remplis. On peut y retourner ! Quelques kilomètres passent et soudain tu vois passer le panneau : « Département du Pas-de-Calais ». 62, méfie-te. Non, plus sérieusement, à ce moment-là, dans la tête, c’est cool. Tu es rassasié, et tu entres dans le département où a lieu l’arrivée. Ça paraît bête, mais ça joue sur la motivation.

J'ai testé pour vous Lille-Hardelot
Au deuxième ravito, à Licques, après 119 km. ©Alan Sénicourt

Au 119e km, une odeur de pilons de poulet grillés au barbecue chatouille tes narines. C’est l’heure du deuxième ravito, à Licques. Et forcément, on y goutte la célèbre… Volaille de Licques. Un régal.

Après 146 km, à Samer, le parcours nous fait passer sous une arche, puis par un petit chemin très agréable avant de rejoindre le troisième et dernier ravito. À ce moment-là, tu poses ton vélo, il te reste 21 km. Et tu t’en rends compte. Autour de toi, les gens sont fatigués, mais heureux. Même s’il reste à monter le Haut Pichot, qui se présente, du haut de ses 177 m, comme le dernier rempart avant de rallier l’arrivée à Hardelot.

Le Haut Pichot, deux kilomètres en enfer

Tu le sais, tu t’y es préparé, mais quand tu y es, c’est quand même compliqué. Et surtout tu te dis : « Qu’est-ce que je fous là ? » Le Haut Pichot, c’est deux kilomètres avec une pente moyenne à 6,6 % et un passage à 14 %. À ce moment-là, tu regrettes les welshs, les raclettes, les frites que tu as mangés au cours des quinze dernières années… Et même si ça m’a tenté en voyant d’autres le faire, je n’ai pas posé le pied à terre. Mais la sensation d’aller à peine plus vite que des piétons est… bizarre. Une fois au sommet, une petite pause s’impose. Une pâte de fruit, un coup d’eau, il reste douze kilomètres.

Ces douze kilomètres, tu les savoures, parce que tu sais. Tu sais que c’est fait. À moins d’un incident, tu vas voir le panneau Hardelot-Plage dans quelques minutes. Et tout devient léger. L’endorphine créée par l’effort que tu fournis depuis maintenant 6 h commence à se faire ressentir. Mais il faut rester concentré. Ce serait bête de tout gâcher sur une erreur d’inattention.

A l'arrivée, à Hardelot.
À l’arrivée, à Hardelot. ©Alan Sénicourt

6 h 30 au compteur. Tu commences à entendre de la musique. Tu es dans les rues d’Hardelot. Elle est toute proche. Et puis, tu vois une arche au loin…

Alors, sur ce faux plat descendant, tu arrêtes de pédaler… Et tu te laisses glisser… Emporter par l’ambiance qui règne sur cette place. Tu poses le pied à terre. Lille-Hardelot, tu l’as fait, et tu peux profiter de cette sensation indescriptible du défi accompli.

Je voudrais écrire un petit mot pour Jacques, un des participants qui a perdu la vie dans le Haut Pichot suite à un malaise cardiaque. Comme tous les participants, l’organisation, les bénévoles, cette nouvelle m’a choqué et attristé. J’ai une pensée, en écrivant cet article, pour lui, sa famille et ses proches.

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