Opération séduction à destination des propriétaires: la Ville de Nice a présenté mardi le dispositif de la location mixte (1.), mis en œuvre pour la première fois à Nice en 2021.
L’idée est de permettre aux propriétaires de bénéficier d’une autorisation de changement d’usage en meublé touristique, en conciliant la location à des étudiants allocataires CAF la majeure partie de l’année, et à des touristes durant les trois ou quatre mois de la haute saison.
Rue Gambetta, résidence « Le Cèdre Bleu », Ahmad Haraké participe à ce dispositif. Il est l’un des propriétaires des 14 logements mixtes mis à disposition des étudiants, hors (grandes) vacances d’été. Et il en est très satisfait. « L’année est occupée facilement par les étudiants, et de juin à septembre c’est la meilleure période pour les saisonniers, on loue très très bien dans ce quartier, s’enthousiasme-t-il. La rentabilité? C’est vite étudié, on fonce. Et ça malgré le petit inconvénient du tarif plafonné par le Crous pour les étudiants. »
Noah, Antibois de 20 ans, vient d’obtenir sa licence de géologie. L’année prochaine, il continue son cursus à Sophia Antipolis, et habitera chez ses parents, à Antibes. Il a rendu les clés de son studio niçois de 23m² hier matin (545 euros par mois, 344 euros avec les aides) qui sera loué en meublé touristique dès le lendemain.
« À Nice, on atteint facilement les 600 euros au-dessus de 20m², donc c’est intéressant », explique-t-il. Le déménagement l’été? « Pour moi, ça ne pose pas de problème car je peux retourner chez mes parents, mais pour ceux qui doivent rester trois ans, si tous les étés il faut déménager, c’est beaucoup plus galère. »
Ce dispositif de logement mixte s’intègre en fait dans la batterie de mesures annoncées par Christian Estrosi le 8 avril pour l’automne, afin de réguler les locations de meublés touristiques. Des quotas devraient notamment être instaurés dans les quartiers les plus touchés.
Lutte contre les meublés touristiques
Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice en charge notamment du Logement, espère ainsi que le logement mixte va monter en puissance grâce à ce tour de vis en approche. D’autant que sur les 142 logements mixtes existants à Nice, 80 sont rentrés cette année.
« En faisant un changement d’usage classique, on aurait imposé à M. Haraké une compensation très forte et dissuasive pour qu’il investisse dans le logement social, explique-t-il. Il aurait alors été obligé de faire de la location longue durée pour rester dans la légalité. Mais avec la location mixte, c’est gagnant-gagnant. Donc on cherche à faire connaître un maximum ce dispositif aux syndics, aux agences immobilières, aux propriétaires. »
Alors que la crise du logement touche largement la Côte d’Azur, Anthony Borré rappelle que Nice est passé de « 25.000 étudiants à 51.000 en l’espace de 10 ans ». « C’est vrai que ce dispositif, dont on est les pionniers à Nice, a eu du mal à trouver son rythme de croisière, mais c’est en train de changer aujourd’hui, notamment grâce à un partenariat avec le Crous, à des propriétaires courageux, et à des agences immobilières qui nous ont aidés, comme Century 21. »
1. Les propriétaires intéressés par ce dispositif peuvent se renseigner auprès de la Mission protection des logements.