Par

Thomas Martin

Publié le

4 juin 2025 à 6h14

Un professeur de médecine suspendu c’est assez rare. C’est pourtant ce qui est arrivé en juin 2024 à Bertrand X., médecin de l’hôpital Cochin dans le 14e arrondissement de Paris, après avoir consulté sans autorisation le dossier médical d’une « célébrité » confiée à l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une décision contestée par le praticien qui est allé jusqu’au Conseil d’Etat pour défendre sa cause. Mais, outre la consultation du dossier, la procédure a mis en exergue d’autres griefs contre le professeur. 

« Des remarques racistes et sexistes »

Le Pr Bertrand X.  s’était surtout vu reprocher des « comportements et attitudes inappropriés » vis-à-vis des patients et du personnel, comme « des remarques sexistes et racistes » relate le Conseil d’Etat dans un arrêt en date du 4 avril 2025 qui vient d’être rendu public.

« La mesure de suspension (…) revêt un caractère conservatoire et ne constitue pas par elle-même une sanction, de sorte qu’elle n’est pas au nombre des décisions qui doivent être motivées », commence par faire observer la plus haute juridiction administrative française.

Sur le fond du dossier, les juges rappellent qu’un « rapport d’audit » en mai 2023 avait reproché au Pr Bertrand X.  des « accès injustifiés à quatre reprises au dossier médical d’une personnalité connue ».

« En se bornant à indiquer que les connexions en cause ne sauraient lui être reprochées au motif qu’il était occupé par ailleurs aux horaires en cause, que son poste de travail est librement accessible et que le partage de codes d’accès est courant au sein de l’hôpital, M. X. (…) n’apporte pas d’élément suffisant pour remettre en cause la vraisemblance des faits reprochés », estime le Conseil d’Etat. « Il lui appartient en tout état de cause de veiller à la confidentialité des systèmes d’information auxquels il lui est donné accès. »

Une enquête administrative accablante

Pour le reste, une enquête administrative a été été menée en février 2023 : elle fait état de « témoignages circonstanciés et concordants » et de « trois signalements » recueillis en décembre 2023 sur des « faits contemporains ». Le médecin de l’hôpital Cochin aurait notamment « adopté à plusieurs reprises une attitude et tenu des propos irrespectueux à l’encontre des personnels de l’AP-HP ». « Les propos (…) attribués à l’intéressé pourraient, de par leur nature répétée, être qualifiés de sexistes et racistes », considère le Conseil d’Etat.

« Divers témoignages joints au dossier rapportent également un comportement inapproprié de M. X. vis-à-vis de ses patients », soulignent les juges parisiens. « En particulier, (…) les signalements de décembre 2022 font état d’événements indésirables graves (…), notamment une attitude « agressive » de la part de l’intéressé vis-à-vis d’une patiente lors d’un toucher rectal. »

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« Le compte-rendu de la réunion du 24 avril 2023 souligne en outre des interactions « brutales » avec la patientèle en raison de « propos orduriers », voire « culpabilisants », ainsi qu’une « absence de précaution répétée » du praticien lors de ses consultations », souligne le Conseil d’Etat. « Les faits reprochés (…) sont d’une vraisemblance et d’une gravité suffisantes pour justifier l’édiction, dans l’attente de l’issue de la procédure disciplinaire engagée, d’une mesure de suspension temporaire », en conclut-il.

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