Vers fousLes vers fous sont imposants, pouvant mesurer entre 4 et 20cm de long ! Tristan Bergen Tristan Bergen 04/06/2025 10:00 6 min

La progression du « ver fou », une espèce invasive originaire d’Asie inquiète les scientifiques. En effet, ce ver si particulier est un véritable désastre environnemental dans les régions où il s’installe.

Un ver très agité

Amynthas agrestis, surnomé le « ver fou » est un ver de terre originaire du sud-est du continent asiatique qui s’est implanté il y a quelques années dans plusieurs dizaines d’États américains. Outre son impact environnemental, celui-ci a également des particularités surprenantes.

Ce ver de terre est d’une part assez imposant, pouvant mesurer entre 4 et 20cm de long mais est surtout bien plus vivace que ses congénères. En effet, lorsqu’il est dérangé ou attaqué par un prédateur celui-ci se débat violemment tels des serpents, pouvant même faire des sauts de plus de 30cm de haut, une capacité très étonnante pour un ver de terre.

C’est pour cette façon atypique de se débattre que les habitants des États-Unis l’ont surnommé le «ver fou » ou encore « ver sauteur » mais aussi « Alabama jumper », autrement dit le ver sauteur d’Alabama, celui-ci étant aujourd’hui bien répandu dans cet État.

Mais ce comportement particulier n’est pas la seule spécificité de ce ver. Lorsque le fait de fortement s’agiter ne suffit pas, le ver fou peut en effet se séparer d’une partie de son corps pour échapper à un prédateur, à la manière d’un lézard laissant sa queue comme leur. Enfin, les vers fous sont également hermaphrodites, c’est à dire qu’ils peuvent se reproduire sans s’accoupler, ce qui favorise d’autant plus leur prolifération.

Un fléau pour les écosystèmes

Ces particularités ne sont néanmoins pas celles qui inquiètent aujourd’hui les scientifiques américains. C’est son appétit qui rend le ver fou véritablement dangereux pour l’écosystème dans lequel il s’implante.

En effet, ceux-ci s’attaquent à la litière forestière, qui est la première couche de nos forêts, composée de feuilles mortes en décomposition et qui participe notamment à la régénération de l’écosystème, tout en servant d’habitat à bon nombre d’espèces.

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Selon Science News, ces vers peuvent débarrasser une forêt entière de cette couche en seulement deux mois, ce qui représente un véritable désastre environnemental. En plus, ces vers modifient la chimie du sol. Selon une étude scientifique parue en octobre 2020 dans la revue Soil Biology and Biochemistry, d’importantes quantités de carbone et d’azote ont été découvertes là où ces vers se sont implantés, ce qui a un impact sur la pousse des plantes.

Cette espèce nuisible est donc on ne peut plus destructive dans les régions où elle s’implante. Dans le nord de l’Amérique, celle-ci a réussi à se propager dans la nature car elle était vendue comme appâts ou vers de compost. Néanmoins une fois que ce ver est implanté dans un secteur, il est particulièrement difficile de s’en débarrasser.

En France, cette espèce de vers sauteurs n’est pas présente même si d’autres espèces de vers sauteurs occupent les sols du continent européen, faisant aussi des dégâts dans nos forêts, toutefois moins importants que de l’autre côté de l’Atlantique. Chez nous, c’est plutôt un ver plat, l’Obama Nungara, une espèce originaire d’Amérique du Sud qui engendre le plus de dégâts en se nourrissant de nos vers de terre.

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Selon les scientifiques, le seul espoir de se débarrasser de ces vers fous repose dans leur incapacité à survivre à la chaleur et au temps trop sec. Néanmoins, des recherches sont également en cours pour trouver un moyen plus efficace (et contrôlable) d’en venir à bout, tant leur impact sur les forêts américaines est important.

Référence de l’article :

Ces « vers fous » peuvent faire des bonds de 30 cm et ravagent les écosystèmes, Ouest-France, 27/05/2025