Sous le panneau d’interdiction de stationner – sauf autopartage – quelques lignes : « Petite, moyenne ou grande, réservez la voiture adaptée à votre usage. » En dessous, deux voitures de la coopérative Citiz, avec leurs rétroviseurs turquoise, attendent de trouver preneur « pour une heure, un jour et davantage ». Un modèle installé depuis 22 ans à Marseille, et qui va encore pouvoir s’étendre. Lundi en effet, la municipalité a lancé un appel à manifestation d’intérêts pour les opérateurs afin de renouveler dès le mois de juin les conventions d’occupation de l’espace public pour 211 places de stationnement mises à disposition sur 87 stations, et réparties en deux lots. Avec une possibilité ouverte d’y ajouter quelque 110 places supplémentaires sur six ans, la durée maximale des conventions.
Places squattées
« L’objectif est de réduire l’encombrement de l’espace urbain et les nuisances liées à l’utilisation massive des voitures individuelles », explique la municipalité, qui dès 2008 avait mis en place une charte de l’autopartage. Et qui veut désormais « encourager le recours à des véhicules à faible gabarit, moins intrusifs sur l’espace public et moins consommateurs d’énergie ».
C’est que le secteur est porteur. Depuis son arrivée à Marseille en décembre 2019, Getaround est passé de 18 à 79 places, et revendique 6 000 utilisateurs. Citiz, qui avait commencé à Marseille avec trois voitures dans le parking souterrain du cours Julien, dispose aujourd’hui de 114 places, avec 6 000 utilisateurs également. « Il y a une croissance constante des inscriptions, souvent on vient chez nous à cause du coût de l’entretien », explique Julie Hervé, la directrice de Citiz Provence.
Chaque année, la coopérative a besoin de vingt véhicules supplémentaires, et rayonnant depuis le centre-ville.
« Nous nous sommes donné une marge pour pouvoir répondre aux demandes des opérateurs », explique l’adjoint (PM) aux mobilités, Marie Batoux. « En fonction des études de marché qu’ils proposent, nous voyons s’il y a une pertinence à leur donner plus de places. » Et de saluer le principe : « Pour nous, ce sont des personnes en plus qui lâchent la voiture pour l’autopartage. »
Mais toutes ces ambitions se heurtent au manque de stationnement à Marseille. Les stations dédiées sont souvent occupées par d’autres véhicules, malgré les alertes des opérateurs. « Nous essayons de mettre en place un partenariat avec la fourrière, mais ça ne fonctionne pas parce qu’ils n’ont pas de places », déplore la directrice de Citiz Provence. Une situation qui n’existe pas dans d’autres métropoles, alors que ses dernières demandes de créations de stations sont restées lettre morte. « Cela fait deux ans que c’est devenu très compliqué », soupire Julie Hervé. Quant au déploiement de véhicules électriques en autopartage, il se heurte au manque de bornes de recharges dédiées. De quoi laisser de beaux jours à la voiture individuelle.