Deux mois après avoir été contraint à l’arrêt sur la Route Adélie de Vitré (lire ici), Célestin Guillon a retrouvé le rythme de la compétition sur des routes qu’il connaît par cœur. Pour sa reprise, le coureur sarthois de Van Rysel–Roubaix a choisi les Boucles de la Mayenne (2.Pro), un terrain familier pour l’ancien pensionnaire de Laval Cyclisme 53 (voir sa fiche DirectVelo). À 29 ans, et pour sa troisième saison sous les couleurs nordistes, il s’est montré rassurant au micro de DirectVelo, présent sur l’épreuve.

DirectVelo : C’est la première fois qu’on te revoyait sur une épreuve professionnelle depuis ta fracture de la clavicule en avril dernier ! 
Célestin Guillon : J’ai pu reprendre en Élite sur le Tour des Vallées du Haut-Anjou (terminé à la 8e place, NDLR), mais les Boucles, c’était la vraie reprise avec l’équipe. Globalement, je suis plutôt satisfait. J’ai fait un bon prologue, j’ai tout de suite vu que j’étais dans le rythme. Si je n’avais pas réussi à bien me préparer, je pense que ça aurait été beaucoup plus compliqué. Je me suis échappé dès le premier jour, donc ce n’était pas forcément l’idéal pour une reprise « sage », mais ça m’a rassuré : j’ai passé une belle journée à l’avant. Après, j’ai un peu payé ces efforts le reste de la semaine, d’autant plus avec les premières grosses chaleurs de l’année. Mais le travail a été fait, et mentalement, ça fait vraiment du bien.

Quels étaient les objectifs de l’équipe pendant quatre jours ?
L’objectif principal, c’était de placer un coureur à l’avant chaque jour. C’est important pour une équipe Continentale comme la nôtre de montrer qu’on est offensifs. On ne savait pas trop à quoi s’attendre sur le déroulé de la course, notamment avec une grosse étape attendue le samedi. Peut-être qu’en restant dans le peloton le premier jour, j’aurais pu accrocher le bon coup ensuite… Mais aller de l’avant, c’est aussi notre manière d’exister dans la course. Et puis, pour moi, c’était un vrai plaisir d’être échappé sur des routes que je connais bien. J’ai couru quatre-cinq ans à Laval, je vis au Mans… J’ai manqué le Région Pays de la Loire Tour, donc je me rattrape ici, en Mayenne, ma deuxième maison.

« TOUS LES VOYANTS SONT AU VERT »

Comment s’est passée ta convalescence ?
Je suis tombé le 4 avril sur la Route Adélie de Vitré. Une semaine plus tard, je remontais déjà sur l’home-trainer. J’ai fait 25 jours de rouleaux avant d’avoir l’accord des médecins pour reprendre la route, le 29 avril. À partir du 8 mai, l’entraînement est devenu plus structuré, plus sérieux, presque un mois jour pour jour après la fracture. Pour beaucoup, ce timing peut sembler rapide, mais j’avais le feu vert des chirurgiens, et tout s’est bien passé. La convalescence et la cicatrisation se sont faites dans de très bonnes conditions. Aujourd’hui, je peux tirer sur le guidon sans gêne, je suis à l’aise sur le vélo, et je n’ai pas vraiment d’appréhension. Tous les voyants sont au vert.

En dépit de la fracture, quel regard portes-tu sur ta saison ?
La chute est clairement arrivée au mauvais moment pour moi. J’ai dû faire une croix sur le Région Pays de la Loire Tour, mais aussi sur le triptyque Jura–Besançon–Doubs et toutes les Classiques bretonnes, des courses où j’avais vraiment envie de bien faire. Mais ça fait partie du métier : la chute, malheureusement, c’est le jeu. Cela dit, mon début de saison était très encourageant. J’ai été offensif sur de belles courses. Je pense notamment à la Classic Var, où on se fait reprendre tout près de l’arrivée ou encore à Bessèges, où j’ai réussi à jouer un rôle avec Maxime Jarnet, dans des conditions pas faciles. Je pense que je montre que je peux faire de belles choses, individuellement mais aussi pour l’équipe. Et surtout, je sens que je progresse chaque année.

« UN PETIT MANQUE DE CONFIANCE »

On te voit souvent à l’avant sur les courses !
Oui, je m’inscris aujourd’hui dans un rôle de baroudeur. C’est aussi lié, peut-être, à un petit manque de confiance : parfois, je devrais oser assumer plus d’efforts dans certaines phases de course. Mais en même temps, ce rôle me correspond bien. J’ai un tempérament offensif, j’aime être à l’avant, provoquer la course. J’aime aussi créer une dynamique, fédérer autour de moi. Quand un coéquipier a une carte à jouer, je suis prêt à me défoncer pour lui. Je crois que c’est surtout ça, mon rôle : lancer les choses, motiver les gars, et tout donner pour l’équipe. Et puis, forcément, se montrer, c’est aussi important quand on évolue dans une Conti. 

Quelles vont être les prochaines échéances ?
La semaine prochaine, on sera sur Paris–Troyes. On espère une course un peu plus débridée, plus offensive, même si ça se termine fréquemment au sprint. Ensuite, il y aura la Route d’Occitanie, une très belle épreuve. Il y a moyen de faire de belles journées à l’avant, d’être encore acteur de la course. Et puis en fin de mois, ce sera évidemment le Championnat de France, une course qui nous tient tous à cœur. C’est la course au maillot, mais on n’est jamais à l’abri d’un coup de Trafalgar, d’une échappée qui va loin… En tout cas, il reste encore de belles opportunités, la saison est loin d’être terminée.