La tempête 2023 digérée, et malgré les contraintes rétractant les marges de manœuvre de l’association Atout Monde qui porte ce festival indépendant depuis bientôt trois décennies à Saint-Chamond, la Rue des Artistes présente sa 28e édition. Rendez-vous au parc Nelson-Mandela, du 13 au 15 juin en mode toujours aussi « engagé ». La programmation aura une dominante plutôt rap et reggae avec pour têtes de gondole : Oxmo Puccino en ouverture, Alee & Mourad Musset de la Rue Ketanou, et HK à la fermeture.

Lors de l’édition 2024. ©Prisca Baccaglioni / Atout Monde 2024.

Déjà trente ans en ligne de mire. « En 2027, nous célébrerons 30 ans d’activisme culturel ! Une grande fête populaire et artistique dont nous avons le secret est déjà dans les tuyaux… » En attendant, c’est une édition 2025 à nouveau alléchante qui attend néophytes et habitués du festival couramiaud musical qu’est La Rue des artistes. Rendez-vous bien ancré dans la Loire. Le navire amiral des activités socio-culturelles (comme la Quinzaine culturelle et sociale du Chap’it’eau à l’automne ou récemment le film documentaire C’était mieux avant) de l’association Atout Monde est parvenu en 2024 à sortir de la dernière tempête celle d’une édition 2023 « plus que délicate liée à un déficit important ». D’autres intempéries aussi rapprochées que récentes – covid, réductions de certaines subventions, explosion des coûts énergétiques et des cachets abusifs…  – n’en étaient déjà pas venues à bout.

« Rien n’est acquis pour l’avenir et tout peut vite être remis en cause mais oui, cet épisode-là est derrière nous », confirme Cynthia Fort, chargée de production. La Rue des artistes a décidément la griffe coriace. D’où, probablement, le choix de cette affiche 2025 avec un chat – animal totem de Saint-Chamond et de ce festival – au profil « bodybuildé » qui semble crier un « même pas peur », cependant entre quatre cœurs : La Rue des artistes n’est pas là pour miauler ses affres mais inviter à une fête « non lucrative » tatouée d’indépendance et d’engagement revendiqués. Ce que ne dément pas l’appui bénévole : 71 volontaires pour 3 624 heures de travail l’an passé. En 2024 encore, 6 500 festivaliers avaient pu en profiter avec une fréquentation record du camping éphémère lié, Le Chat qui dort, situé dans le quartier de Fonsala, une fois de plus reconduit* avec la gestion confiée aux jeunes en chantier éducatif de la Sauvegarde 42, visant à impliquer les habitants. En particulier les jeunes à qui est promis une expérience « formatrice ».

L’accessibilité multi angles

Le festival se veut « un lieu d’apprentissage et de mixité portant l’intérêt général » : entre la Sauvegarde donc mais aussi des personnes en TIG (travail d’intérêt général) ; des jeunes en SNU (service national universel) et autres services civiques ou stagiaires. Engagement au partage parmi tant d’autres symbolisé par les fameux chats – 3 500 exemplaire – décorés par 29 structures (écoles, IME, maisons de retraite) peuplant la ville des mois avant, le maintien d’un espace familles pour attirer tous les publics, cette démarche de prévention (accueil cette année de l’association Jeune et Rose sur le cancer du sein ; prêt de casques anti-bruit pour les jeunes et boules quies en libre-service), une restauration / buvette basée sur des produits locaux maison cherchant à limiter les dégâts environnementaux. Il y a aussi l’accessibilité. Pour la deuxième année consécutive, la fondation Malakoff Humanis parraine des dispositifs (signalétique, rampes, boucles magnétiques, communication en langue des signes) destinés aux handicaps moteur, mental, visuel, auditif, visible ou invisible.  

L’accessibilité ne doit pas avoir de prix, les 299 personnes qui en ont spécifiquement bénéficiée en 2024 ne diront pas le contraire. Et la rue des Artistes ne le fait pas pour autant payer. « A l’heure où tout augmente (et où le mécénat a parallèlement tendance à se rétracter, Ndlr), et notamment les coûts liés à l’artistique, nous avons pris la décision de ne pas augmenter le prix des places. » Atout Monde argue d’un prix journalier de 18 € – le maximum (10 € le dimanche) – contre une moyenne de 59 € par jour selon des données de Weezevent datant de 2022. Durant ces trois jours, les compagnies de rue viendront une fois encore animer, parallèlement à la programmation musicale, les allées du parc et le centre-ville : Batucada Tribu Btp, Circo Eguap, L’Encordée, Collectif Circassien, Radioh Lala, Circonírico, Katastrofaclown, Cie Éclats de Soie. Dans la programmation d’ailleurs, un spectacle de sensibilisation, par ailleurs traduit en langue des signes, Le Périple du Scarabée créé et interprété par une personne porteuse de handicap.  

Oxmo Puccino pour commencer, HK pour finir

Oxmo Puccino. ©DR, photo transmise par le festival

L’ensemble, encore agrémenté d’animations dans le parc – maquillage, massage et mystérieuse cabine téléphonique londonienne, Lacabin, pour « faire rire » – ne doit pas faire oublier que La Rue des artistes, c’est avant tout un festival de musique, faisant défiler 11 artistes solos ou formations cette année à tendance plutôt rap / hip-hop mais pas que avec aussi une empreinte très reggae et plus qu’une pointe de chanson français, voire de soul et folk. L’émergence y aura encore sa place, cette fois « à 54,5 % », comme Petit Tonnerre ou Polokus & Mugen. Parmi les têtes d’affiche, Oxmo Puccino, « cador du rap français génération MC Solaar », de retour sur scène après plusieurs années d’absence, ouvrira les festivités le vendredi soir. HK fermera les débats sur un ton de bal populaire le dimanche soir. A souligner, Alee & Mourad Musset de la Rue Ketanou, autre « rap old school » pour finir le vendredi soir dans le cadre d’une tournée unique.

Les 11 concerts dans leur ordre chronologique : Siska puis Oxmo Puccino, Cyrious et Alee & Mourad Musset de La Rue Kétanou le vendredi soir ; Emma Politi, I Woks, Petit Tonnerre et Alborosie & Shengen Clan samedi soir ; Malaka, Polokus & Mugen et HK dimanche après-midi et soir.

Festival gratuit pour les moins de 12 ans. Billets en prévente (15 € vendredi OU samedi ; 25 €, pass deux jours, 35 € les trois) au bureau d’Atout Monde espace Pablo-Neruda, boulevard des Echarneaux à Saint-Chamond, tous les jours de 14 à 19 h, jusqu’au 12 juin, 17 h. Sinon par web. Tarif unique à 10 € le dimanche. Sur place : 18 € un jour, 30 deux, 40 les trois. Sur place règlement au bar, snack et foodtruck par « KatCard » en échanges préalable des euros.

* Camping accessible aux tentes et véhicules aménagés surveillé à 25 min à pied du festival, à 5 € par personne, douches et petit déjeuner compris.