Un universitaire, classé à droite et connu pour ses prises de position anti-immigration a effectué des projections à partir des taux de migration, de natalité et de mortalité dans le pays.
D’ici 2100, six personnes sur dix au Royaume-Uni pourraient n’être pas nées dans le pays. C’est le résultat d’une étude menée par Matt Godwin, professeur honoraire à l’Université du Kent (Angleterre) et politologue britannique, dont les résultats ont été détaillés dans le journal The Telegraph ce mardi 3 juin.
L’universitaire, classé à droite et connu pour ses prises de position anti-immigration sur son compte X (ex-Twitter) a effectué des projections en appliquant les taux de fécondité, de mortalité et de migration, par âge et par sexe, à la population britannique recensée en 2022. «Nos projections, qui sont basées sur les données les plus fiables du pays, suggèrent que les Britanniques blancs [définis comme des personnes qui n’ont pas de parent immigré, NDLR] deviendront une minorité d’ici 2063, que les personnes nées à l’étranger et leurs descendants immédiats deviendront une majorité dans le pays d’ici 2079 et qu’une personne sur cinq au Royaume-Uni suivra l’Islam d’ici la fin du siècle actuel», a-t-il écrit dans sa newsletter «À quoi ressemblera la Grande-Bretagne en 2100 ?» suivie par près de 80.000 personnes dans 181 pays.
L’analyse suggère que les Britanniques blancs, représentant aujourd’hui 73% de la population de Grande-Bretagne, ne seront plus que 57% d’ici 2050, avant de devenir une minorité d’ici 2063, et de constituer 39% de la population totale en 2100. La part de la population composée de personnes nées à l’étranger augmentera, elle, d’un peu plus de 18 % à près de 26 % au cours de la même période. «En d’autres termes, d’ici la fin du siècle actuel, d’ici 2100, selon les tendances actuelles, environ six personnes sur dix au Royaume-Uni ne seront pas nées au Royaume-Uni ou ne seront pas nées de parents nés au Royaume-Uni», explique le chercheur dans son étude.
«Transformation démographique spectaculaire»
Selon les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS) parus il y a quelques jours, l’immigration nette britannique a diminué de moitié entre 2023 et 2024, passant de 860.000 personnes arrivées sur le territoire en 2023 à 431.000 en 2024. Mais avant que les mesures adoptées par le gouvernement conservateur de Rishi Sunak en 2023 portent leurs fruits, le pays a été plébiscité par les étrangers ces cinq dernières années, en dépit des promesses des instigateurs du Brexit qui entendaient «reprendre le contrôle de l’immigration. En 2023, la Grande-Bretagne occupait la première place, devant les 38 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en nombre de migrants installés de manière permanente dans le pays par rapport à sa population. L’an dernier, 162.000 personnes ont obtenu un titre de résident permanent, soit 35% de plus que l’année précédente.
L’immigration illégale est, elle, sans précédent : en 2024, quelque 36.800 personnes, essentiellement des Afghans, Syriens et Iraniens, sont arrivées illégalement dans le pays, tandis qu’elles étaient 24.000 en 2023. Depuis le seul début de l’année 2025, près de 15.000 personnes ont traversé la Manche dans l’espoir de s’installer au Royaume-Uni.
À côté de cela, l’étude démontre qu’une fois installés, les étrangers ont davantage d’enfants que les Britanniques nés au Royaume-Uni. Selon les projections présentées, le taux de fécondité des personnes nées à l’étranger (1,97) est supérieur de près de six points à celui des personnes nées au Royaume-Uni (1,39). Les personnes de confession musulmane font aussi plus d’enfants (2,35) que les non-musulmans (1,54).
Sous la pression du parti anti-immigration Reform UK de Nigel Farage, qui est sorti vainqueur des élections locales du 1er mai dernier, le premier ministre Keir Starmer a toutefois dévoilé il y a quelques jours un plan «radical» pour réduire encore davantage l’immigration dans le pays. Le premier ministre britannique envisage notamment de conditionner l’obtention du titre de résident permanent à 10 ans de présence sur le territoire au lieu de cinq actuellement, ou de durcir les conditions d’octroi de visas de travail, deuxième source d’installation d’étrangers dans le pays (369.000 en 2024). Début mai, Keir Starmer a également dit vouloir restreindre les visas de travail et étudiants pour les ressortissants de pays comme le Pakistan, le Nigeria et le Sri Lanka, les plus susceptibles de demander l’asile.