Comment expliquez-vous l’arrêt de l’association ?

Le contexte économique est compliqué. De nombreuses associations comme la nôtre, qui œuvrent dans le social, sont menacées. Nous avions déjà eu de grosses difficultés depuis la création de l’association, en 1992, mais nous nous étions toujours relevés. Cette année, le couperet est tombé, il nous a manqué 45 000 € pour boucler notre budget. Nous n’avions plus de trésorerie. Des subventions, notamment du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, nous ont fait défaut. Nos cinq salariés ont dû être licenciés (*). Nous sommes tous très tristes.

Comment était financée l’association ?

Par des fonds publics essentiellement, des collectivités, des caisses d’allocations familiales et de l’administration pénitentiaire. Nous avons tenté de travailler le mécénat mais les entreprises sont frileuses. L’image de la prison n’est pas très vendeuse. Et le contexte économique n’est pas porteur.

Quel était l’objectif de l’association ?

Nous étions là pour tisser du lien entre les détenus et leurs enfants. On constate que bon nombre de personnes incarcérées (à 97 % des hommes) ont eu, elles-mêmes, des parents en prison. Le but, c’est de casser cette répétition. On constate aussi qu’il existe un secret qui entoure la détention, parce qu’il y a la honte, parce qu’il y a le silence. Certains enfants, à qui l’on a caché la vérité, se posent des questions jusqu’à imaginer que leurs parents sont décédés. Il faut briser cet imaginaire fondé sur un tabou. Nous savons également que, lors du passage à l’acte qui conduit à la prison, la famille peut traverser une crise. Or, l’entretien des liens familiaux est une garantie pour faire baisser le taux de récidive. La réinsertion à la sortie de prison est plus facile quand la famille est présente.

Combien de familles accompagniez-vous ?

Chaque année, nous accompagnions 320 familles sur le grand ouest de la France. Nous étions notamment présents dans les établissements pénitentiaires de Rennes, Saint-Malo, Ploemeur, Saint-Brieuc, Vannes ou encore Nantes. Nous assurions, à notre charge, les déplacements du domicile des enfants jusqu’au lieu de détention de leur parent.

L’association va-t-elle être définitivement dissoute ?

Certains bénévoles veulent continuer mais les perspectives restent floues.

* L’assemblée générale de l’association a annoncé, officiellement, le 11 mars, la mise en cessation de paiements et l’ouverture d’une procédure de liquidation judiciaire.