Opposés à leurs tombeurs de l’Euro sacrés en 2024, les Bleus passent un grand test, ce jeudi soir, en demi-finale.

Le soleil et la chaleur de Munich ont laissé place au temps maussade et à la pluie de Stuttgart. Changement de décor et à peine le temps de se remettre de ses émotions qu’il faut recommencer. Attention, loin de nous l’idée de comparer la Ligue des champions à la Ligue des nations, avec le sacre légendaire du Paris-SG samedi dernier dans une Munich Arena incandescente, mais difficile de ne pas lier les deux événements non plus.

Les raisons pullulent : l’affiche est belle, prometteuse, alléchante, entre la France et l’Espagne (20 h 45, TF1) du nouveau phénomène mondial Lamine Yamal (17 ans). L’Allemagne sera aussi le théâtre des Bleus, après avoir été celui des Parisiens, avec une demi-finale à Stuttgart ce jeudi, puis une finale… à Munich dimanche en cas de succès. Et puis, les héros parisiens (Hernandez, Zaïre-Emery, Barcola, Doué, Dembélé) figurent en nombre dans un groupe France désireux de dompter ce qui se fait de mieux sur la planète football.

Personne ne sait dans quel état physique et mental seront les deux équipes victimes d’un calendrier dantesque et d’instances internationales qui ne freinent pas ce gavage permanent, mais le tableau d’ensemble fait saliver et donne envie de vibrer à nouveau après avoir vécu l’extase du chef-d’œuvre des hommes de Luis Enrique. Le technicien espagnol du Paris-SG – déjà tourné vers la Coupe du monde des clubs (15 juin-13 juillet) aux États-Unis – ne sera pas sur le banc de la Roja, évincé après l’élimination en 8es de finale de la Coupe du monde au Qatar face au Maroc, mais la sélection espagnole garde des stigmates du passage de « Lucho » (2018, puis 2019 à 2022).

Son successeur Luis de la Fuente (63 ans), champion d’Europe l’été dernier après avoir dompté les Bleus (2-1), puis l’Angleterre en finale (2-1), marche dans les pas du stratège parisien, avec une équipe technique, de possession, créative, portée par le talent de Lamine Yamal, mais aussi d’autres éléments (Williams, Olmo, Pedri, Gavi, Ruiz, Cubarsi…) qui forment une sélection guidée par une belle dynamique (Ligue des nations 2023, Euro 2024).

Mettre les artistes en musique

Bête noire des Français au XXIe siècle (7 succès en 11 matchs, 64 % de victoires), la Roja avait logiquement écarté les Bleus le 9 juillet dernier en demi-finale de l’Euro (2-1) du côté de Munich. Ce soir-là, Lamine Yamal, 16 ans, avait fait une entrée fracassante dans la cour des (très) grands, avec un but somptueux dont se souviennent encore tous les hommes de Didier Deschamps. Quasiment un an plus tard, c’est une autre équipe de France qui s’avance à Stuttgart.

Antoine Griezmann (retraite), N’Golo Kanté (non convoqué), William Saliba, Dayot Upamecano, Jules Koundé (blessés) sont absents, mais le sélectionneur, en dehors d’un secteur défensif décimé, jouit malgré tout d’un réservoir offensif de très haut niveau (Mbappé, Doué, Barcola, Dembélé, Thuram, Kolo Muani, Olise, Cherki…). Reste à mettre tous ces artistes en musique. Pas toujours aisé avec seulement deux entraînements au complet dans ce rassemblement.

Kylian Mbappé, soulier d’or (56 matchs, 43 buts) et capitaine des Bleus, est désormais challengé par Ousmane Dembélé, numéro 9 nouvelle génération d’un PSG champion d’Europe. Il sera d’ailleurs intéressant de voir la répartition des rôles, après la saison monstrueuse du Parisien, élu meilleur joueur de la Ligue des champions et candidat au Ballon d’Or. S’il n’a pas marqué samedi contre l’Inter (1 seul but depuis avril), son attitude et son pressing ont marqué les esprits, prouvant aussi qu’un attaquant pouvait montrer l’exemple et harceler ses adversaires… En mars contre la Croatie en quarts de finale retour de la Ligue des nations (2-0), Dembélé, buteur, avait évolué à droite de l’attaque française (Mbappé en 9, Olise en soutien, Barcola à gauche), dans une rencontre joliment négociée par des Bleus entreprenants et séduisants.

Doué, le phénomène

Charge à Deschamps de trouver la bonne formule, en manageant les statuts et ego d’un vestiaire pas toujours simple à gérer avec le renouvellement des générations. De son côté, le public français ne demande légitimement qu’à revoir les héros du PSG en action, notamment un Désiré Doué (2 buts et 1 passe décisive contre l’Inter) nouveau phénomène du football tricolore, et à vivre des émotions. Cela n’aura pas la saveur d’une victoire en Ligue des champions, mais la perspective de vivre une nouvelle belle soirée, avec un titre à décrocher dimanche, n’est pas à négliger. Retourner à Munich en ce moment tout sauf une mauvaise idée.