Comment est construite cette exposition sur Johnny Hallyday que vous allez inaugurer à Firminy ?

« Elle comprend une quinzaine de photos de Johnny dont certaines sont exclusives. Les fans vont vraiment voir des images inédites. Le vernissage sera aussi un moment de partage. Au E.Leclerc de Firminy, nous aurons, en plus, la photo de couverture du livre Inside (l’iconique image de Johnny Hallyday les poings serrés, NDLR) en format affiche et tee-shirt. »

« J’ai passé des nuits à regarder des films d’horreur avec lui ! »

Vous êtes photographe depuis 1994, comment avez-vous rencontré Johnny Hallyday ?

« J’ai commencé la photo très jeune et j’ai la chance, à 47 ans, d’avoir déjà une longue carrière. Je suis parti très jeune aux États-Unis et j’ai été présenté à Johnny par le batteur de Bon Jovi en 2005. On n’a pas commencé à travailler ensemble tout de suite. Notre première vraie collaboration a commencé à Los Angeles en 2007 pour les campagnes de sa marque de vêtements “Smet” lorsqu’il s’était associé à Christian Audigier.

Les photos étaient extrêmement fortes, alors ça a créé quelque chose de fort entre nous et une vraie confiance (les photos ont été publiées dans le livre Rêve noir en 2015). C’est vraiment une mise en scène que Johnny avait souhaitée parce qu’il était fan de cinéma. »

Sur ces photos, l’atmosphère est celle d’un film d’horreur et il incarne un « Dracula des temps modernes ». Vous aviez déjà dit qu’il était lui-même fan de ce genre de films…

« J’ai passé des nuits à regarder des films d’horreur avec lui ! C’était son délire. Ça m’a marqué. Le challenge était là : toutes les prises de vues ont été faites en une journée. Il a fallu dix jours de préparation pour une journée de shooting. J’ai monté plusieurs décors en parallèle et on passait d’un décor à l’autre. C’est un livre très américain finalement. Quand il était aux États-Unis, il était plus détendu, moins sous pression, il vivait son rêve américain. J’avais un échange très amical avec Johnny parce que je passais beaucoup de temps chez lui : on faisait des road trips à moto, on est partis à Las Vegas… »

« Il m’a vraiment fait confiance et laissé carte blanche »

Comment s’était-il préparé pour cette séance photos ?

« Il s’était vraiment impliqué. Il faut imaginer qu’une séance photo comme ça, ce n’est pas improvisé mais extrêmement préparé et travaillé. J’ai préparé toutes mes scènes comme des scènes de cinéma, avec des décorateurs, une grosse équipe, un casting, des mannequins… J’étais metteur en scène d’une photographie que j’ai imaginée. Donc lui, il s’est préparé : il voulait être beau et en forme. Il a fait un régime et du sport. »

Vous faisiez partie de son cercle restreint d’amis ?

« Je fais toujours la différence entre les relations amicales et les amis. Les amis, c’est encore plus fort que ça pour moi. On avait une relation très belle, de confiance et une complicité. C’est ce qui nous a emmenés, d’ailleurs, à aller plus loin dans notre travail photographique et à passer beaucoup plus de temps ensemble. Notamment quand il m’a demandé de partir avec lui sur la tournée 2012-2013. »

C’est comme ça que sont nés les livres On The road (2015) et Inside (2018) ?

« Oui. J’ai passé dix-huit mois avec lui. C’était une vraie immersion. Il m’a vraiment fait confiance et laissé carte blanche. Je pouvais être avec lui dans tous les déplacements, quand il était seul dans la loge, dans tous les moments off … Le vrai plus de cette tournée, c’est qu’elle était mondiale avec beaucoup de dates à l’étranger : Moscou, New York, Londres, Los Angeles… Il y a eu des moments très forts et il était très en forme. »

Vous avez pris, au total, plus de 50 000 photos de Johnny Hallyday…

« Et c’était très varié. Sur la tournée, c’était une vie avec des musiciens, un entourage, une grosse production et je devais capter tout ça avec un fil conducteur. Et pour moi, le fil conducteur, c’était de revenir aux sources, aller à l’essentiel. Je lui ai dit : “Je vais te photographier de façon très brute comme un photographe l’aurait fait dans les années 1970 avec toi, les Beatles ou les Rolling Stones”. Je voulais retrouver cette âme rock’n’roll. C’est pour ça que je lui ai dit qu’il fallait que je sois avec lui tout le temps, que je monte sur scène comme un musicien, que je puisse avoir accès à tout. Il était heureux que je porte ce regard-là sur lui. Johnny vivait pour être une rockstar et c’était une rockstar. »

L’une des bagues qu’il porte sur la couverture d’ Inside est aujourd’hui en votre possession…

« Oui et c’est un pur hasard ! En fait, j’avais la même bague que lui. Il m’avait dit : “C’est marrant, tu me copies ?”, je lui ai dit : “Non, c’est toi” et on a rigolé. Et symboliquement, on s’est échangé nos bagues. Je l’ai encore avec moi et je la mets de temps en temps. Cette couverture d’Inside est devenue emblématique. C’est un peu le boxeur qui est fort et se cache derrière ses poings. L’homme timide et fragile aussi. Johnny, c’était un homme fort sur scène mais aussi un homme pudique, gentil et simple. Il était généreux dans sa façon d’être. »

Exposition Johnny Hallyday par le photographe Renaud Corlouër, du 6 au 21 juin à l’Espace culturel E.Leclerc de Firminy dans le cadre de l’opération « Scène à Domicile ! ». Vendredi 6 juin, à 17 heures : vernissage de l’exposition en présence de Renaud Corlouër qui dédicacera ensuite ses trois ouvrages consacrés à Johnny Hallyday (de 17 h 30 à 19 heures).