Lors d’Espagne-France jeudi soir en demi-finale de Ligue des nations, les regards seront aussi tournés vers Lamine Yamal et Ousmane Dembélé, dans leur combat au Ballon d’Or.

Si l’affrontement, sur fond de revanche, entre la France et l’Espagne fait saliver jeudi soir (20h45 TF1) en demi-finale de la Ligue des nations, impossible de passer sous silence les possibles retrouvailles entre Lamine Yamal (17 ans) et Ousmane Dembélé (28 ans). Les deux hommes, que beaucoup de choses séparent, s’avancent aujourd’hui comme les deux favoris au Ballon d’Or. Il reste encore du temps avant que les 100 journalistes votants du monde entier ne valident leur choix, mais le duel à venir à Stuttgart, si le Parisien est titulaire, sera une nouvelle étape qui peut marquer les esprits. Les autres concurrents (Mbappé, Raphinha, Salah, Pedri…) n’ont pas dit leur dernier mot, mais Yamal-Dembélé sont en avance. Qui fait la course en tête entre l’Espagnol et le Français ? Éléments de réponse.

Les stats et le palmarès pour Dembélé

Champion d’Europe avec le PSG après avoir écrasé l’Inter Milan (5-0), Ousmane Dembélé, qui n’a pas marqué en finale mais a eu un rôle prépondérant dans le collectif de Luis Enrique, a été élu meilleur joueur de la Ligue des champions. Avec 8 buts et 6 passes décisives en C1 et une propension à être décisif (au moins un but ou une passe sur les six derniers matches de Paris en Europe) sur les matches qui comptent, «Dembouz» a parfaitement validé sa mue au poste de numéro 9. Sa ligne de statistiques (35 buts et 15 passes en 55 rencontres cette saison) en fait un client plus que crédible à la distinction individuelle suprême. Meilleur buteur de Ligue 1, meilleur joueur de C1, Dembélé a brillé sur tous les terrains. De son côté, Lamine Yamal ne rivalise pas avec le Français sur ce point. Ses statistiques sont brillantes (60 matches, 19 buts, 26 passes décisives) mais moins clinquantes que celle du Parisien. Il n’a d’ailleurs marqué qu’à neuf reprises en Liga et s’est montré moins décisif que son concurrent lors des matches couperets de Ligue des champions (3 buts et une passe décisive).

Le spectacle et la renommée internationale pour Yamal

Si les stats sont pour Dembélé, l’impression visuelle et les gestes spectaculaires, qui marquent les esprits du grand public et dépassent les frontières, sont à mettre au crédit du Catalan. Qui ne se souvient pas de son but magistral face à l’Inter Milan lors du match aller d’une double confrontation qui a choqué la planète football (3-3, 3-4 a.p.) ? Ce soir-là, Yamal s’est offert une caisse de résonance sans commune mesure, avec un geste qui a fait le tour de la planète. Un Ballon d’Or marque pour la qualité de sa saison, sa régularité dans les hautes performances mais aussi ses coups d’éclat. Sur ce dernier point, Yamal fait la course en tête, pour le moment. Avec près de 35 millions de suiveurs sur Instagram, quand Dembélé en compte deux fois moins, l’Espagnol est une star mondiale, qui dépasse les frontières de son pays et du Vieux continent. À l’image d’un Mbappé ou encore de son idole Messi. Dembélé, tourné vers le collectif, souffre de la comparaison en termes d’image et d’impact à l’étranger. Ses expériences à Dortmund (2016-2017) et Barcelone (2017-2023) ne l’ont pas fait passer dans une autre dimension.

Politique et lobbying, le match est lancé

Dimanche soir, DJ Snake, accompagné de Marquinhos, a lancé la campagne pour son ami du PSG avec des «Ousmane Ballon d’Or et Ousmane Ballon d’Or», sous les yeux du principal intéressé, quelque peu gêné d’occuper le devant de la scène. La presse espagnole en a fait de même en insistant, auprès de Yamal, sur le duel avec Dembélé jeudi soir en Ligue des nations. Le prodige, qui maîtrise le volet de la com’, ne s’est pas défilé : «Si les gens veulent tout risquer sur un match, et bien… jouons-le jeudi alors.» Une assurance qui lui colle à la peau. Et une personnalité qui ne laisse personne indifférent. Glaner le Ballon d’Or est aussi une partie à remporter hors du terrain, avec un lobbying dont les grands clubs maîtrisent les moindres détails. Le Real Madrid le sait mieux que personne même s’il n’a toujours pas digéré la consécration de Rodri au lieu de celle de Vinicius l’année dernière. Le PSG va devoir s’y employer car le Barça ne l’a pas attendu. Idem pour les Bleus, tiraillés avec le poids de Kylian Mbappé, qui ne veulent pas tous se décider entre les deux. Comme en 2018 avec Griezmann, Mbappé, Pogba ou encore Varane, l’équipe de France choisit de ne pas choisir pour le moment. Une tactique risquée. Mais mercredi soir, Ibrahima Konaté a été le premier à sortir du bois, avant d’être imitié par Didier Deschamps. Enfin.

Le calendrier pour Dembélé

Si personne ne sait très bien quel écho aura cette demi-finale de Ligue des nations entre la France et l’Espagne sur la scène internationale, ainsi que l’éventuelle finale (peu de doute que le Français ne dispute le match pour la 3e place dimanche à 18h), Ousmane Dembélé aura d’autres occasions de briller avec la prochaine coupe du monde des clubs aux États-Unis. Compétition à laquelle Lamine Yamal ne participera pas, le FC Barcelone n’étant pas présent. Si le Français avait la bonne idée de briller sur un autre continent, face à des équipes venant du monde entier (US, Amérique du Sud, Afrique…), cela viendrait s’ajouter à un CV déjà bien fourni cette saison. Pendant ce temps-là, l’Espagnol sera en vacances et incapable de pouvoir répliquer.

Conclusion : avantage Dembélé, mais …

Pour toutes les raisons citées, Ousmane Dembélé est actuellement le grand favori du 69e Ballon d’Or. Cela récompenserait sa saison, mais aussi une autre forme d’attaquant, tourné vers le collectif, altruiste et au goût de l’effort prononcé. Une autre idée du football ou l’individu prend souvent le pas sur le reste, avec des statistiques érigées en argument massue. Mais le sport numéro au monde n’est pas que cela. Le sacre du PSG en Ligue des champions l’a montré. Reste à savoir si les votants pensent la même chose. Réponse le 22 septembre prochain au théâtre du Châtelet à Paris.