Devenue une assassine accomplie, Eve (Ana de Armas) multiplie les contrats juteux. Lors de l’une de ses missions, elle recroise la route des meurtriers de son père. La jeune femme brise alors les règles de sa confrérie pour se lancer dans une quête de vengeance en solitaire…
Élevée à tuer
En quatre films de 2014 à 2023, réalisés par l’ancien chef des cascades de Matrix Chad Stahelski, la franchise John Wick a totalement repensé le film de baston, à travers les aventures d’un tueur à gages froid et mélancolique depuis la mort de sa femme. De quoi permettre à la carrière de Keanu Reeves de redécoller, après un passage à vide à l’issue de la trilogie Matrix.
« John Wick 4 » : Keanu Reeves contre l’oligarchie criminelle
Empruntant largement aux codes des films de kung-fu pour proposer des scènes de combat visuellement impressionnantes et toujours très, très sanglantes, John Wick a connu un succès fulgurant auprès de ses fans, donnant lieu à des adaptations en comics, à une série (The Continental sur Prime Video, sur la jeunesse de Winston Scott) et désormais cette première spin-off au grand écran. Même si, à l’origine, le scénario ne se situait pas dans l’univers de John Wick et a été réécrit pour s’y greffer. L’histoire relit en effet la figure assez classique des tueuses russes (de la Black Widow de Scarlett Johansson au Red Sparrow de Jennifer Lawrence, en passant par la Anna de Luc Besson).
Eve Macarro (Ana de Armas) fait son check-in à l’hôtel Continental de New York, réservé aux criminels du monde entier… ©The SearchersLa baston au féminin
Situé entre John Wick Parabellum et John Wick 4, Ballerina reprend tous les éléments qui ont fait le succès de la saga : soif de vengeance, combat survitaminé à une (en robe de soirée à paillettes et flingues dans le porte-jarretelles) contre 20 ou 30 assaillants, sans une égratignure ou presque… Avec un vague propos féminin. Entraînée depuis l’enfance à devenir une tueuse, Eve Macarro a en effet appris à « se battre comme une fille » (c’est même la chanson du film) pour se défaire des hommes.
Faiseur hollywoodien — il a signé les deux premiers volets d’Underworld avec Kate Beckinsale, Die Hard 4 avec Bruce Willis en 2007 et le remake de Total Recall avec Colin Farrell en 2012 —, Len Wiseman applique à la lettre la formule. Même si Chad Stahelski est repassé sur sa copie pour superviser le tournage de nombreuses scènes additionnelles.
Le résultat est sans surprise, tandis que l’intrigue manque de la profondeur de celle de John Wick, qui est parvenu à créer un véritable univers pour évoquer, via l’action testostéronée, des questions assez sérieuses : poids de l’oligarchie, importance du contrat social…
Lancée par Blade Runner 2049 (2017) et À couteaux tirés (2019), devenue James Bond Girl dans Mourir peut attendre en 2021, Ana de Armas avait décroché une nomination à l’Oscar pour son incarnation de Marilyn Monroe dans Blonde d’Andrew Dominik (d’après Joyce Carol Oates). La star cubaine de 37 ans paie ici de sa personne pour démontrer qu’elle peut porter sur ses épaules un blockbuster au féminin.
Directeur du Continental New York, Winston Scott (Ian McShane) prend Eve Macarro (Ana de Armas) sous son aile… ©The Searchers
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Ballerina/From the World of John Wick : Ballerina Action De Len Wiseman Scénario Shay Hatten et Emerald Fennell Photographie Romain Lacourbas Musique Marco Beltrami et Anna Drubich Montage Jason Ballantine Avec Ana de Armas, Keanu Reeves, Ian McShane, Lance Reddick, Gabriel Byrne, Anjelica Huston… Durée 2h05