Par
Laurène Fertin
Publié le
5 juin 2025 à 9h50
La Bretagne a manqué d’eau. Beaucoup d’eau. C’est le constat que tire Sébastien Decaux, météorologue à Météo Bretagne, après avoir analysé les relevés pluviométriques de ces trois derniers mois. Bonne nouvelle, la région connaît une nouvelle perturbation cette semaine ; même si les pluies ne seront pas abondantes, « le peu est bon à prendre », souligne le météorologue à la rédaction d’actu Rennes, tant les précipitations ont été rares.
Un déficit remarquable
Pour la ville de Rennes, sur tout le printemps météorologique c’est-à-dire sur les mois de mars, avril et mai, « nous sommes à un déficit remarquable », expose Sébastien Decaux, « avec – 60 % en masse de pluie par rapport à la norme en mars, – 45 % en avril et – 54 % en mai. C’est encore pire du côté de Fougères où nous avons – 69 % en mars, – 64 % en avril et – 66 % en mai. »
En mai, par exemple, Belle-Île n’a recueilli que 12 mm sur le mois, Dinard 18 mm, Arbrissel 19 mm, Fougères 24 mm, Nantes 25 mm, Rennes 27 mm ou Saint-Brieuc 30 mm.
De faibles perturbations
Comment expliquer ce phénomène ? « Nous n’avons pas eu de perturbations très actives et au contraire, nous avons eu pas mal de journées ensoleillées », développe Sébastien Decaux.
En mai, sur les valeurs minimales et maximales, l’ensemble de stations bretonnes enregistre un excédent thermique, relève Météo Bretagne. Il a fait entre 1 et 1,5 °C de plus que la norme (1991-2020). La journée du 30 mai a été la plus chaude du mois avec des températures situées entre 30 à 32 °C entre le sud de l’Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique.
Et lorsqu’il y a eu des perturbations, celles-ci ont été affaiblies car il y avait une pression atmosphérique assez élevée, donc des conditions anticycloniques qui n’étaient jamais très loin. En d’autres termes, les perturbations étaient bien diminuées quand elle arrivaient.
Sébastien Decaux
Météorologue
Sans oublier le vent, qui a soufflé dans le secteur nord-est et qui a séché les sols.
« À surveiller »
En résumé, après « l’overdose pluvieuse » du mois de janvier, notamment avec les inondations historiques qu’a connu la Bretagne, la région a retrouvé un mois de février normal. « Toutefois, les mois de mars, avril, mai, nous ont mis face à un déficit assez important. C’est à surveiller », abonde le météorologue.
Sébastien Decaux prend pour exemple la ville de Fougères : « Il suffit de regarder les terrains de foot, la pelouse commence à jaunir : c’est le signe d’un stress hydrique c’est-à-dire d’un manque d’eau pour la végétation. »
On avait du mal à imaginer une potentielle sécheresse au printemps et finalement, elle est en train de se produire, surtout dans les départements d’Ille-et-Vilaine et les Côtes-d’Armor.
Sébastien Decaux
Météorologue
« C’est beaucoup moins le cas en allant sur le Finistère et le sud du Morbihan », tempère-t-il.
« Une sécheresse agricole »
Se profile alors, selon le météorologue, « une sécheresse agricole » ou encore « une sécheresse de surface ». Celle-ci « se met en place doucement ».
Quand on regarde les cartes, les sols de 0 à 50 cm sont très très secs. Il y a eu des cultures semées au printemps et il faudrait un peu de pluie pour hydrater les sols et nourrir les plantes.
Sébastien Decaux
Météorologue
« Les agriculteurs aimeraient avoir des sols un peu plus humides », conclut le météorologue.
Qu’attendre de l’été ?
Que peut-on attendre du mois de juin, et plus largement, de l’été qui s’annonce ? « Prévoir le temps sur une région comme cela au-delà de 8, 10 jours, c’est compliqué », explique Sébastien Decaux. « Les modèles météo envisagent des scénarios très divergents, c’est-à-dire que la fiabilité est très mauvaise. »
Cependant, les modèles de Météo France s’orientent vers des températures plus élevées que la norme, « mais on ne peut pas en dire plus ».
Impossible, donc, de prévoir pour le moment une éventuelle sécheresse estivale. Ce que l’on peut dire pour le moment, c’est que la pluie reste bel et bien rare.
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