Et ce, en dépit des efforts que le cabinet du maire de Lyon Grégory Doucet a dû faire pour cadrer les échanges.
Ce mercredi soir, dans le gymnase Vivier-Merle du 3e arrondissement, on sentait à la fois le cadrage et le dérapage.
Cadrage, quand Apolline a pris la parole pour dire combien elle se réjouissait de voir tout ce que la mairie écologiste faisait pour la santé de son petit garçon de 5 ans, merveilleuse et inattendue introduction à la présentation de Céline de Laurens – adjointe à la Santé – qui a déroulé au pas de charge le Griffon, le 102, l’OMS, le point écoute adulte et la maison des femmes.
Cadrage aussi quand Valentin Lungenstrass – adjoint à la Mobilité – déroulait dans les quelques minutes qui avaient dû lui être accordées – l’intégralité du réseau Sytral ayant le malheur de passer aux alentours du 3e.
(Petit) dérapage quand le candidat à la mairie Edouard Hoffmann s’est procuré par ruse le micro et s’est lancé dans une longue plainte, reprochant à Grégory Doucet de faire enlever trop vite les graffitis le mettant personnellement en cause et pas assez vite ceux visant la police. Hué par le public, il s’est rassis en bougonnant.
Mais au final, la partie la plus étonnante de cette soirée était de voir le maire se lancer avec énergie et plus de sérieux que d’habitude dans un exercice d’auto-accusation assez convaincant.
Sans que personne ne lui reproche rien sur ce sujet, il a fustigé sa propre incapacité à mettre les migrants à l’abri, déplorant le maintien des campements sauvages à Jean Macé ou le long du cours du général Giraud et martelant son échec à mettre fin au sans-abrisme malgré les 800 places d’hébergement ouvertes et les 2,5 millions dépensés pour une compétence qui appartient normalement à l’Etat. Comme sur le plateau de Quotidien il y a 18 mois, il a redit avec force son désespoir de savoir que parfois des enfants dorment dehors à Lyon.
Autre point à front renversé : la volonté farouche du maire de lutter contre les incivilités des cyclistes, se lançant dans une dénonciation du non-respect par les deux-roues du code de la route et des dangers que cela faisait courir aux piétons, érigés en nouveaux citoyens modèle couvés comme le jeune moineau.
Prenant son adjoint à la Sécurité à témoin, il a claironné sa joie d’avoir multiplié par 200 les amendes aux cyclistes qui brûlent les feux rouges et son désir de poursuivre une politique de saisi des trottinettes qui dépassent les 25 km/h. Pas de chiffre pour ce dernier point, mais on sent que les adeptes du débridement électrique vont bientôt atteindre dans la détestation de Grégory Doucet, le diéséliste.
Évidemment la question des travaux s’est imposée dans la discussion.
Mais même sur ce sujet où les reproches pleuvent (chantiers rendant inaccessible la rue et dangereux pour une personne malvoyante, travaux illisibles éternellement recommencés puis abandonnés par les ouvriers, etc) le maire a été étonnement modeste, en tout cas comparé au Grégory Doucet du mois dernier, qui inaugurait une sorte de garage à vélo sous la Part-Dieu et assurant au micro à cette occasion que « l’Europe et même, osons le dire, le monde regardent ce que nous faisons à Lyon ».
Sur les travaux, il a par exemple demandé à une interlocutrice ayant travaillé dans le BTP de « ne pas (l)’entraîner dans un débat d’expert (qu’il n’est) pas. Même après 5 ans à la mairie je ne suis pas devenu un expert en travaux ».
Il était alors 20h47 et il était temps de passer à un « temps plus convivial ».
Suite le 10 juin pour le 5e arrondissement de Lyon.