Ces 34 médiateurs répartis dans des cinémas de petites communes de la Nouvelle-Aquitaine sont là pour vous faire aimer le 7e Art et le promouvoir. Jean-Baptiste Rocher en fait partie. Le jeune Montmorillonnais de 27 ans œuvre ainsi pour les deux cinémas gérés par l’association l’Étoile, le Majestic à Montmorillon et L’Étoile à La Trimouille.

Il y a fait ses premiers pas en 2021, en service civique, puis en contrat aidé. Et désormais comme salarié à temps plein comme médiateur, un contrat subventionné par le conseil régional et le Centre national du cinéma (CNC) à hauteur de 37,5 % chacun, 25 % à la charge de L’Étoile. Son poste est géré par Agec et Co, groupement d’employeurs des secteurs de la culture et de l’économie créative en Nouvelle-Aquitaine.

« Les jeunes regardent des films sur TikTok ! »

« Je voulais travailler dans le cinéma, confie-t-il, avouant s’être construit une culture cinématographique sur le tard. J’aime beaucoup le cinéma français et naturaliste, celui de Rohmer, Pialat, mais aussi celui de Michael Cimino. » Il programmerait bien « un cycle Rohmer cet été » dans sa ville natale.

C’est une partie de sa mission : faire découvrir des réalisateurs au plus grand nombre, en donnant les clés pour comprendre un film. Avant chaque film majeur, il intervient avant le début de la projection, parfois pour expliquer l’inexplicable d’un Mulholland Drive, de David Lynch.

 

Il cible aussi le jeune public : « Des jeunes regardent des films sur TikTok !, déplore-t-il. Je démarche les jeunes de trois lycées de Montmorillon. Ils viennent voir des films qu’ils peuvent choisir en amont. Ensuite, on se retrouve pour en parler. »

Marie-Françoise Desbrousses, présidente des deux cinémas, apprécie ce nouveau souffle. Son médiateur a dépoussiéré le concept des ciné-mémoire en séance de films culte. « Cela a changé la donne et on a regagné des spectateurs », dit-elle. Autre initiative, le rendez-vous « Lost in frenchlation », des films français sous-titrés en anglais pour la communauté anglophone importante du territoire.

 

Pour Charline Claveau, vice-présidente du conseil régional à la culture, « ce dispositif inventé dans l’ex-région Aquitaine a montré après la période Covid que les cinémas indépendants qui avaient un médiateur ont repris rapidement leur activité ». Elle met en avant la professionnalisation de ces métiers. « Un des enjeux est d’aider les cinémas ruraux à l’heure de plateformes numériques comme Netflix. » Et aussi de permettre aux jeunes de se projeter, non pas sur la toile, mais dans la vie professionnelle, comme exploitant de cinéma…