Juan Miró de retour au bord de la Méditerranée. Le Mucem de Marseille ne pouvait pas rêver meilleure publicité que ce bel accueil réservé ce jeudi 5 juin au triptyque Bleu I, Bleu II, Bleu III, ces célèbres huiles sur toile de l’artiste catalan rappelant la mer et le ciel bleu espagnol. Les œuvres, impressionnantes par leurs dimensions hors-norme, vivantes et vibrantes, sont visibles dans le cadre de l’exposition permanente « Méditerranées, Inventions et représentations ». Avec à la clé, un possible regain de fréquentation de cet événement culturel de l’année ? Seul l’avenir le dira.

Entre le musée et le peintre « mirobolant » selon le poète Robert Desnos, il y avait « une évidente connivence », explique Raphaël Bories, conservateur et co-commissaire de l’exposition. Ce dernier se félicitait hier de ce prêt exceptionnel de six mois, jusqu’au 10 novembre prochain, accordé par le Centre Pompidou de Paris actuellement en travaux. Quant au déménagement du musée de Grenoble où les « Bleus » étaient exposés auparavant, jusqu’à la cité phocéenne, ce ne fut pas une mince affaire. « Transporter de telles œuvres par camion, c’est toujours délicat », poursuivait-il.

Dans son atelier à Palma de Majorque

Par tradition, « les peintres ont souvent raconté l’histoire des paysages », rappelait Marie-Charlotte Calafat, directrice scientifique et des collections du Mucem.

Juan Miró, resté une grande partie de sa vie proche d’un autre géant de la peinture, Pablo Picasso, et associé à l’histoire du surréalisme et de l’art abstrait, ne fait pas exception à la règle en ce domaine. L’installation du peintre avec sa femme, en 1954 dans un décor de carte postale, à Palma de Majorque marque, d’après les connaisseurs, un tournant majeur et décisif dans son œuvre déjà prolifique. « C’est sur cette île que son ami Josep Lluis Sert, le grand architecte de la fondation Maeght à Saint-Paul-de-Vence et qui a travaillé entre autres, avec Le Corbusier, a imaginé et fait construire un atelier baigné de lumière, digne de ce nom. Le peintre disposait alors d’un espace très important avec vue sur mer. Les toiles sont réalisées dans ce lieu unique en 1961. Il semblait intéressant de réaffirmer ici que l’on peut porter un regard différent sur la Méditerranée, et qu’elle peut être aussi une grande source d’inspiration pour les artistes « , explique Raphaël Boris.

Avec beaucoup de malice, le musée a mis les toiles, qui ont eu droit à un traitement spécial, dans « une pièce pour elles seules », en conclusion de l’exposition. Laissant ainsi la possibilité aux visiteurs de plonger leurs yeux dans « les bleus » infinis de Miró.

« Méditerranées Épisode 1 : Inventions et représentations », au Mucem jusqu’au 31 décembre 2026. Les « Bleus » de Miro sont visibles jusqu’au 10 novembre. Informations et tarifs sur : mucem.org.