Par
Léa Pippinato
Publié le
5 juin 2025 à 11h40
Sous les tours des Flamants Roses, aux Hauts de Massane, un terrain de basket s’est métamorphosé. Le bitume a laissé place à une œuvre graphique, peinte à même le sol, par l’artiste montpelliérain Mara. Le lieu n’a pas été choisi au hasard. « Quand j’avais 10 ans, ma grand-mère habitait dans ces tours. Je passais tous mes week-ends sur ce terrain. C’était notre endroit. »
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Plusieurs années plus tard, c’est en professionnel qu’il y revient. « Travailler ici, c’était particulier. Pas parce que je voulais faire un retour aux sources, mais parce que c’est tombé comme ça. Je n’ai jamais quitté Montpellier. Tous mes projets, d’une certaine manière, sont liés à mon enfance. »
Un visage pour chacun, et trois sur le sol
L’œuvre peinte au sol se compose de trois visages. Tous stylisés, marqués d’une croix noire au centre. Des figures sans identité précise, qui reviennent souvent dans le travail de Mara. « Je les ai créés à l’époque où je n’avais pas de moyens. J’avais du papier blanc, un Posca noir. J’ai fait avec ce que j’avais. Le personnage est devenu une sorte d’avatar. Il n’a pas de visage défini pour que chacun puisse s’y reconnaître. » Sur un terrain de sport collectif, l’idée prend tout son sens. « Ce lieu, c’est un point de rencontre. Je trouvais intéressant que le personnage puisse être n’importe qui. Un garçon, une fille, un ado. Le terrain devient alors un espace commun, où chacun a sa place. »
Ce projet s’inscrit dans une commande de la Ville de Montpellier. Trois terrains de basket devaient être repensés par des artistes, en lien avec les Jeux Olympiques. Mara a hérité de celui de la Mosson. Mais peindre un terrain de sport ne s’improvise pas. « Ce n’est pas le dessin qui prend du temps. C’est tout ce qu’il y a autour. Les échanges avec la Ville, les équipes techniques, les professionnels du revêtement. J’étais entouré, parce que c’est un vrai métier. » La peinture utilisée est un mélange technique, résistant à l’usure et aux intempéries. « Ce n’est pas de l’acrylique classique. Il y a plusieurs couches, des produits antidérapants. On a tout fait pour que ça tienne. Même si je viens du street art et que j’ai l’habitude que mes œuvres disparaissent, là il fallait que ce soit durable. »
Les croquis préparatoires ont permis à Mara de reporter avec précision son dessin sur le sol du terrain. (©DR)Vidéos : en ce moment sur Actu
Le dessin en lui-même a été exécuté en quatre jours. Mais la météo a compliqué le chantier. « On a dû reporter cinq fois à cause de la pluie. C’est le jeu quand tu travailles dehors. Il faut être patient. » En amont, Mara a préparé de nombreux croquis. « J’ai fait un quadrillage précis. Il fallait que tout soit prêt avant d’arriver sur le terrain. On ne peut pas improviser quand on travaille à cette échelle. »
« Une pièce de plus dans le puzzle »
La Mosson est un quartier souvent stigmatisé. Mais l’artiste refuse de porter un discours de « réhabilitation » ou de « valorisation. » « Je connais ce quartier. J’y ai animé des stages, fait des fresques, travaillé avec les Maisons pour Tous. Il s’y passe plein de choses. Il n’a pas besoin de moi. Je ne suis pas venu pour redonner quoi que ce soit. » Son intervention n’est pas un message, ni une mission. « C’est juste une opportunité artistique que j’ai saisie. Comme n’importe qui aurait pu le faire. Le quartier est vivant. Il y a une dynamique associative énorme. Ce terrain, c’est juste une pièce de plus dans le puzzle. »
« C’est juste une opportunité artistique que j’ai saisie. Comme n’importe qui aurait pu le faire. Le quartier est vivant. Il y a une dynamique associative énorme. Ce terrain, c’est juste une pièce de plus dans le puzzle. »
Mara
Artiste collagiste
Mara ne cherche pas à se spécialiser dans les terrains de sport. « Je ne cours pas après ce type de projet. Mais j’aime les croisements. Le sport, la musique, le dessin. Dès qu’on peut raconter des choses différemment, ça m’intéresse. » Le terrain de la Mosson est sa première intervention de ce type. Et peut-être pas la dernière, si l’occasion se présente.
🎨 Restanque, nouveau foyer de création à Montpellier
Mara fait partie des artistes installés au cœur de Restanque, le futur tiers-lieu artistique montpelliérain propulsé par l’association Line Up. Ce nouvel espace, pensé pour favoriser la création, les rencontres et la diffusion, réunit une quinzaine d’artistes aux pratiques diverses : peinture, sculpture, bois, typographie, 3D, mapping…
À l’occasion de son ouverture au public, une grande soirée inaugurale est prévue ce samedi 14 juin 2025 de 16h à 01h. La programmation musicale, portée par la radio en ligne Piñata Radio, réunira DJ Snack, Filosofia, MUSE[IK] 1ST et Mektoub. Expositions, concerts, animations et restauration seront au rendez-vous. Entrée libre pour toutes et tous.
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