Des chefs-d’œuvre projetés sur le plus grand écran d’Europe à voir sur une chaise longue après une soirée festive avec bars, food-trucks et concerts… Le concept sous les étoiles de MK2 séduit les foules.
Sous le ciel étoilé de Paris, les soirées de début juillet s’annoncent particulièrement joyeuses. En se dirigeant vers le Louvre, on s’arrêtera d’abord sous la vasque olympique revenue au-dessus des Tuileries. Puis direction, le plus beau musée du monde avec sa cour carrée illuminée de lampions. Du 2 au 5 juillet, Elisha Karmitz directeur général de MK2 et Laurence des Cars présidente du Louvre y recevront chaque soir, 2500 heureux élus venus assister à un évènement hybride réunissant cinéma, gastronomie et musique.
Pour espérer décrocher l’un des 10 000 billets gratuits, il faut s’inscrire sur le site de MK2 (*). Trois tirages au sort auront lieu les 11, 18 et 25 juin. Mieux vaut faire la démarche dès maintenant car il y a deux fois plus de demandes que de places. Pour remercier les mécènes Chanel et le conglomérat japonais Kinoshita (l’un des groupes étrangers les plus généreux avec culture en France), 15 à 20% des chaises longues sont réservées à leurs invités. «Le budget de 1,5 million d’euros est uniquement financé avec de l’argent privé, le Louvre est coproducteur mais Cinéma Paradiso ne pèse pas sur notre budget, précise Luc Bouniol Laffont directeur de l’auditorium et des spectacles au Louvre. À son arrivée, Laurence des Cars a tout de suite rencontré Elisha Karmitz pour renouveler sa confiance à ce concept mis en place au Louvre dès 2019. Cinéma Paradiso correspond parfaitement à sa stratégie qui est d’ouvrir le musée sur la ville, être pluridisciplinaire et tout public.» C’est aussi l’occasion de montrer que le Louvre s’adresse aux Parisiens et pas seulement aux touristes internationaux.
Un Limoncè Spritz à la main, on grignotera devant l’un des sept food-trucks de Pizza del Popolo, de New Soul Food ou du Camion qui fume. Sur le coup de 21 heures, place à la musique. De l’électro avec la Dj Piu Piu au hip-hop délicat d’Asfar Shamsi à la pop décoiffante de Sam Sauvage, au rap fusion du franco-camerounais Tuerie jusqu’à l’ambiance sixties d’Anne Jean et de son groupe Juniore, la programmation de cette année est franchement intéressante. Comme Asfar Shamsi gagnante du concours du Fair, elle met en avant des artistes considérés comme les étoiles de demain par le milieu de la musique.
Sofia Coppola, Wong Kar Wai, David Lynch… Demandez le programme !
Sur le coup de 22 heures, il sera temps de rejoindre l’une des 2500 chaises longues disposées face au plus grand écran d’Europe. Pas question dans un lieu aussi chic d’asseoir les spectateurs par terre comme cela se fait à Londres aux projections en plein air à Canary Wharf, dans les Kew Gardens, à Vauxhall Pleasure Garden et au British Summer Time. À Paris, si l’accord avec une célèbre marque automobile est signé à temps, quatre spectateurs pourront regarder le film en décapotable depuis un mini-drive-in. Toujours dans cette idée de bien recevoir les spectateurs, «chaque soir, une actrice ou un réalisateur de notoriété internationale viendra présenter le film programmé et raconter la trace émotionnelle qu’il lui a laissée et l’inspiration qu’il lui a apportée», explique Elisha Karmitz.
Le soir d’ouverture, Sofia Coppola viendra présenter son premier film Virgin Suicides qui a marqué toute une génération. Le film de clôture sera une avant-première : le Brésilien Kleber Mendonça Filko récompensé par les prix de la mise en scène et de l’interprétation masculine au Festival de Cannes présentera son polar Agent secret . Le 2 juillet, on reverra la sublime fresque In the Mood for love de Wong Kar Wai qui se passe à Hong Kong dans les années 1960. MK2 qui a beaucoup soutenu la carrière de David Lynch lui rendra évidemment hommage. Pour la séance du vendredi 3 juillet, Elisha Karmitz a choisi Twin peaks : Fine walk with me où David Lynch filme la dernière semaine de vie de Laura Palmer, héroïne de la série éponyme. Ce choix artistique illustre l’évolution du concept. Désormais, Cinéma Paradiso s’inscrit dans les Étés du Louvre et reprend un thème des expositions du musée. Cette année, c’est la mode et la couture d’où la venue de Sofia Coppola, par exemple.
Rentré particulièrement heureux du Festival de Cannes où les films financés par MK2 ont remporté six des huit prix, Elisha Karmitz, 40 ans, a également de quoi être fier de Cinéma Paradiso. Lancé avec succès en 2013 au Grand Palais, ce concept du «plus grand cinéma éphémère du monde» est aujourd’hui implanté au Louvre, décliné sur le parvis de la Seine Musicale dans l’ouest parisien comme aux 24 heures du Mans. Il s’exporte même jusqu’à Central Park à New York. «Le but est de créer un émerveillement pour le cinéma, explique Elisha Karmitz. Depuis une dizaine d’années, ce dernier multiplie les idées comme les premiers hôtels cinéma au monde pour inventer de nouveaux usages autour du septième art. Nous ne gagnons pas spécialement d’argent mais n’en perdons pas. Notre visibilité sur place est réduite. Nous ne mettons pas notre logo MK2 partout.» C’est particulièrement vrai au Plaza, avenue Montaigne à Paris où le chef étoilé Jean Imbert propose un dîner gastronomique thématique autour du film projeté dans la cour jardin du palace. Sa collaboration sur ce concept avec les frères Karmitz remonte à des années. Ces soirées d’exception sont réservées aux privilégiés susceptibles de dépenser 340 euros. Pour les autres lieux de Cinéma Paradiso, tout repose sur les mécènes.
Or, les mécènes, à commencer par les groupes implantés aux États-Unis, s’inquiètent des prises de position de Donald Trump et de ses multiples revirements. Au Louvre et chez MK2, Laurence des Cars et Elisha Karmitz sont obligés de tenir compte de ce climat d’instabilité.
(* www.mk2-festivalparadiso.com)