Corneille fait dire à Rodrigue “Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années” : l’auteur du Cid ne connaissait pas Alixe Rochette qui, du haut de ses 15 ans, se voit confier le poste de cheffe de musique de l’Écho du Bugeon.

Un destin hors normes pour la native de Saint-Étienne-de-Cuines, sur les traces d’une grande famille de musiciens. Ernest Rochette, son trisaïeul, était chef de musique de l’Écho de la Ruche, créé en 1899 par Emmanuel Bozon-Verduraz, le fabricant des pâtes alimentaires “La Ruche”, puis “La Lune”, un modèle de création et de développement.

Outre ses actions commerciales et sociales, la famille Bozon-Verduraz est influente culturellement. La fanfare fondée par Emmanuel gagnera de nombreux prix, et animera les fêtes de la commune et autres villages voisins. Elle a compté jusqu’à une cinquantaine de musiciens de tous âges, dirigés par Delphin Boffa, Victor Col, Bastien Oreste, Anatole Apouchkine, et donc Ernest Rochette, l’arrière-arrière-grand-père de celle qui a grandi au sein d’une famille de musiciens.

Du violon d’Ernest à la trompette de son père, et à la sienne

« Ernest jouait du violon, mon arrière-grand-père de la trompette, mon grand-père de l’euphonium. Mon père joue de la trompette, et il y a moi, également trompettiste », raconte Alixe, plongée dans la musique depuis son plus jeune âge. Elle a commencé alors qu’elle était en CM1, à l’âge de 9 ans, à l’école de musique de La Chambre. Un an tout en parcours de découvertes. Arrivée en 6e , elle a intégré la chorale et la classe artistique du collège, puis de la 5e  à la 3e  la Cham (classe a horaire aménagé de musique), en plus de la chorale.

« Grâce à ces options, j’ai pu toucher à tout ! » se félicite-t-elle, « j’ai aussi obtenu mon premier cycle [NDLR, approximativement, ce qui correspond à l’élémentaire dans l’enseignement général], et pu intégrer différents groupes et orchestres comme l’ensemble “vent”, le brassband ou encore Zic-zac ». Elle a rejoint l’Écho du Bugeon il y a deux ans.

Cheffe de musique à 15 ans ? « Je ressens cette place comme une fierté, un honneur d’avoir ce rôle entre les mains, à mon âge. Le début était assez stressant mais je me sens beaucoup plus à l’aise maintenant. Ce rôle me permet de découvrir de nouvelles choses, de prendre confiance en moi. Je n’ai pas de formation mais j’envisagerai de faire un stage pour approfondir mon expérience ».

Alixe Rochette n’a pas vraiment de maîtres qui ont influencé sa passion depuis ses débuts musicaux, sauf sûrement ses aïeux et ses proches, indissociables d’une partition écrite pour elle.

Elle est aussi maire jeune de sa commune

En classe de seconde Esabac (spécialité italien) au lycée Paul-Héroult a Saint-Jean-de-Maurienne, Alixe Rochette a tout de même une vie principalement musicale, du mardi au samedi.

Maire du conseil municipal des jeunes de Saint-Étienne-de-Cuines, elle mène avec son équipe, de nombreux projets pour la commune. Pour convaincre un jeune de pratiquer la musique, elle lui dirait « c’est un moyen très simple de faire de nouvelles rencontres de tous âges. La musique est un langage mondial, un très bon moyen de s’exprimer et surtout le meilleur antistress possible. Elle permet aussi d’avoir un passe-temps et une passion, de travailler sa mémoire, sa patience, sa persévérance ou sa coordination ».

Pour elle, « on peut aussi créer son propre style, se démarquer des autres, se fixer plusieurs objectifs et prendre confiance en soi. Il y a toujours quelque chose d’intéressant à la musique. C’est aussi une manière d’approfondir sa culture générale. »