Par
Thomas Martin
Publié le
5 juin 2025 à 18h06
A un des municipales à Paris, le magazine Complément d’enquête qui sera diffusé ce jeudi soir sur France va-t-il porté un coup sérieux à Rachida Dati qui rêve de remplacer Anne Hidalgo dans le fauteuil de maire. L’enquête menée conjointement avec Le Nouvel Observateur, met au jour des documents d’un cabinet d’avocats suggérant que la ministre de la Culture aurait perçu 299 000 euros d’ »honoraires » non-déclarés de GDF Suez en 2010-2011 quand elle était eurodéputée et avocate, ce qu’elle réfute.
Du lobbying pour le secteur gazier ?
Ces versements auraient été suivis par des « prises de position favorables au secteur gazier » de Rachida Dati quand elle siégeait au Parlement européen(2009-2019). La maire du 7e arrondissement, par ailleurs mise en examen pour corruption passive dans l’affaire Carlos Ghosn, a toujours récusé tout lien contractuel avec le groupe gazier français, rebaptisé Engie en 2015, et nié tout conflit d’intérêts. « Madame Dati a donné toutes ses explications et n’a jamais été l’avocate de GDF Suez », ont insisté mercredi auprès de l’AFP ses avocats, Mes Olivier Baratelli et Olivier Pardo.
Brossant le portrait de Mme Dati en « bulldozer » de la politique, le Complément d’enquête que l’AFP a visionné mercredi révèle l’existence de documents qui ne sont à l’heure actuelle pas aux mains de la justice et prouveraient que Mme Dati a été rémunérée par le géant français.
Ces documents proviennent de la comptabilité d’un cabinet d’avocats liquidé en 2019 et font apparaître l’encaissement de deux virements de 149 500 euros chacun provenant de GDF Suez et datés de juillet 2010 et février 2011. A chaque fois, quelques semaines après ces opérations, ces mêmes sommes ont été décaissées par le cabinet au profit de Rachida Dati avec la mention « Dati honoraires GDF Suez », selon les documents dévoilés par les deux médias.
Contacté par l’AFP, Engie n’a pas donné suite dans l’immédiat.
Corinne Lepage surprise par les prises de position de Rachida Dati
Mme Dati a plusieurs fois été questionnée sur ses liens avec GDF Suez, notamment par les juges en charge de l’affaire Ghosn. Fin 2013, l’eurodéputée centriste Corinne Lepage s’était étonnée du soutien apporté par Rachida Dati à la revendication de grands groupes énergétiques, dont GDF Suez, pour l’arrêt des subventions aux renouvelables.
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Interrogée dans Complément d’enquête, Mme Lepage confirme avoir été aussi surprise par les amendements déposés par Mme Dati à Strasbourg en faveur des groupes gaziers.
Dans l’affaire Ghosn, l’ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy est mis en examen depuis 2021 en raison de 900 000 euros d’honoraires d’avocats qu’elle aurait perçus entre 2010 et 2012, d’une filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan.
La justice cherche à savoir si ces revenus ont pu masquer des activités de lobbying, interdites aux eurodéputés. Mme Dati réfute toute irrégularité.
Autre caillou dans sa chaussure, l’élue aurait également omis de déclarer des bijoux d’une valeur de 420 000 euros à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, avait révélé Libération. Elle risque pour cela de faire face au soupçon de «déclaration de patrimoine mensongère».
Tout cela fait quelque peu désordre au moment de briguer un fauteuil que la droite n’a plus occupé depuis Jean Tibéri, maire de Paris de 1995 à 2001.
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