par Nidal al-Mughrabi et Alexander Cornwell
La Fondation
humanitaire de Gaza (FHG), organisation soutenue par les
États-Unis et Israël, a annoncé jeudi la réouverture de deux
sites de distribution d’aide après les avoir fermés, la veille,
à la suite d’une série de fusillades meurtrières à proximité de
ses opérations.
Alors qu’elle avait fermé l’ensemble de ses sites mercredi
en demandant à l’armée israélienne d’assurer la sécurité des
civils à leurs abords, la FHG a précisé que seuls deux d’entre
eux seraient à nouveau opérationnels dans la région de Rafah,
dans le sud de l’enclave palestinienne, dont l’un a été
relocalisé.
L’organisation basée aux Etats-Unis, vivement critiquée par
les agences de l’Onu et les organisations humanitaires
internationales en raison de son manque de neutralité, a
commencé à distribuer de l’aide à Gaza la semaine dernière et
avait ouvert trois sites cette semaine.
L’Onu a prévenu que la plupart des 2,3 millions d’habitants
de l’enclave étaient confrontés à un risque de famine après 11
semaines de blocus israélien.
Israël, qui a par ailleurs annoncé jeudi avoir récupéré les
corps de deux otages enlevés lors de l’attaque du Hamas du 7
octobre 2023, a intensifié ses opérations militaires à Gaza
depuis la rupture d’un cessez-le-feu avec le Hamas au mois de
mars, s’emparant de nouveaux territoires avec comme objectif
affiché d’éradiquer le groupe islamiste.
Au moins 20 Palestiniens ont été tués dans des frappes
israéliennes à Gaza jeudi, dont quatre journalistes dans un
hôpital du nord de l’enclave, selon les autorités sanitaires
locales. L’armée a déclaré avoir pris pour cible un militant du
Djihad islamique qui dirigeait un centre de commandement et de
contrôle.
Selon le bureau des médias du gouvernement dirigé par le
Hamas, 225 journalistes ont été tués à Gaza depuis le début de
la guerre.
LA FHG DIT AVOIR DISTRIBUÉ AU MOINS 7 MILLIONS DE REPAS
La reprise de la campagne militaire a isolé davantage Israël
dans un contexte de pression internationale croissante.
Mercredi, les Etats-Unis ont opposé leur veto à un projet de
résolution du Conseil de sécurité de l’Onu exigeant « un
cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza,
respecté par toutes les parties », ainsi qu’un accès total et
sans restriction de l’aide.
Sous la pression mondiale, Israël a autorisé une reprise
limitée des livraisons d’aide sous l’égide de l’Onu le 19 mai.
Une semaine plus tard, la FHG a lancé un nouveau système de
distribution contournant les agences traditionnelles.
La FHG, qui fait appel à des sociétés privées de sécurité et
de logistique américaines pour transporter l’aide jusqu’à ses
points de distribution, a déclaré avoir distribué au moins 7
millions de repas jusqu’à présent.
L’Onu et les organisations humanitaires internationales
refusent de travailler avec la FHG en faisant valoir que la
distribution de l’aide est contrôlée par l’armée israélienne et
oblige les Palestiniens à se rendre dans quelques sites situés
dans le centre et le sud de l’enclave, où les roquettes et les
obus n’ayant pas explosé rendent les déplacements extrêmement
périlleux.
(Reportage de Nidal Al Mughrabi au Caire et Alexander Cornwell
à Jérusalem ; avec Jana Choukeir à Dubaï et Emily Rose à
Jérusalem, version française Benjamin Mallet, édité par Blandine
Hénault)