Par

Coralie Ganivet

Publié le

5 juin 2025 à 12h03

L’iconographie est un art que peu maîtrisent. Et Emma Vilchez en a fait sa spécialité. Installée à La Planche (Loire-Atlantique), elle vient de passer trois mois dans le silence et la prière pour habiller trois pans de murs de l’oratoire de la maison paroissiale d’Aigrefeuille-sur-Maine. Elle y a écrit (c’est le terme que l’on emploie) des scènes de l’Évangile dans un style byzantin.

Cette fresque, qui s’étend sur quelque 15 m2, « représente au centre le Christ ressuscité, à gauche Marie qui reçoit l’annonce de l’ange qu’elle sera la mère de Jésus et à droite les femmes qui arrivent au tombeau pour soigner le corps de Jésus mort sur la croix et qui découvrent qu’il n’y est pas parce qu’il est ressuscité », détaille l’artiste de 33 ans, qui signe là sa première peinture monumentale.

« Une promesse de confiance et d’espérance »

Une œuvre qui touche particulièrement le Père Jérôme Hamon, responsable de la paroisse Saint-Gabriel-sur-Maine et admirateur de son travail.

« Les premiers mots qui me viennent quand je la regarde, c’est consolation et réconfort. L’oratoire est un petit lieu de prière dans lequel je reçois régulièrement des personnes qui ont besoin de me parler et de se confier. Je pense que cette fresque peut les aider à libérer leur parole. Elle représente, de par son message, une promesse de confiance et d’espérance », ressent-il.

De par son message, mais aussi de par la technique employée. Car l’iconographie est un art sacré, avec ses codes, ses valeurs et son sens.

« Tout le processus de création va vers la lumière, il y a donc une certaine paix et une harmonie qui s’en dégage. L’icône est une fenêtre vers l’invisible, un canal pour laisser passer la grâce. D’ailleurs, si l’on travaille en priant, c’est justement pour que le Christ vienne quand on fait appel à lui », explique Emma, qui s’est longtemps cherchée avant de se trouver dans cet art religieux.

Un don au service de Dieu et de l’Église

L’iconographie a en effet été une révélation pour elle après ses études.

J’ai commencé par me former à la restauration d’œuvres d’art avant de me mettre à l’apprentissage du japonais et à la recherche sur des œuvres d’art japonaises. Mais ça ne faisait plus sens pour moi. C’est là que je suis revenue dans l’Église et, comme plus jeune je voulais être peintre sans savoir vraiment quoi en faire, a finalement germé l’idée d’évangéliser par l’image et de mettre mon don au service de Dieu et de l’Église.

Emma Vilchez, iconographe

C’est il y a six ans, en 2019, après de nombreux stages pour s’imprégner de cette tradition millénaire et riche de son bagage universitaire et artistique, qu’Emma a commencé à répondre à des commandes d’icônes, ces images saintes chrétiennes. D’ailleurs, l’une d’elles trône justement depuis cette année-là dans la maison paroissiale d’Aigrefeuille-sur-Maine.

« À cette période-là, j’avais encore un travail à côté, en arboriculture. Aujourd’hui, même s’il me reste encore beaucoup de choses à apprendre – il me faudra toute une vie pour étudier l’histoire des icônes – c’est ma seule activité. Mais ça ne veut pas dire pour autant que j’arrive à en vivre », sourit cette maman de deux enfants, qui a évidemment malgré tout foi dans ses choix de vie.

J’ai pour projet de donner des stages d’initiation, de faire une exposition et de démarcher des lieux comme des centres spirituels, des écoles ou encore des chapelles d’hôpitaux pour déployer partout où je le pourrai le Christ à travers cet art.

Une démarche spirituelle

Un art méthodique qui demande une grande patience, tant le processus est long.

« Pour cette fresque, j’ai fait un travail de recherche sur les sujets, j’ai dessiné de mémoire les trois scènes sur un grand papier à la taille finale que j’ai transféré sur le mur (comme un système de calque), avant de les redessiner plus précisément au pinceau et d’y intégrer les couleurs avec des couches du plus sombre au plus clair. On dit dans les icônes que c’est le passage des ténèbres à la lumière », détaille l’artiste, pour faire comprendre qu’il s’agit là, au-delà d’une œuvre, d’une véritable démarche spirituelle.

Présentation et bénédiction ce samedi

Une démarche spirituelle qu’elle expliquera, ce samedi 7 juin à partir de 16 h à la maison paroissiale, lors de la présentation au public de cette peinture murale.

« On fera aussi une petite bénédiction avant de partager un temps convivial autour d’un rafraîchissement », annonce le Père Hamon, qui invite tous les fidèles mais aussi les amateurs d’art à venir découvrir cette œuvre singulière.

Présentation de la fresque samedi 7 juin à 16 h à la maison paroissiale d’Aigrefeuille-sur-Maine, 4 avenue de Nantes. Ouvert à tous. Pour en découvrir plus sur le travail d’Emma Vilchez, rendez-vous sur son site internet : www.ateliersaintemariemadeleine.com

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