Strasbourg (Bas-Rhin)

« Aujourd’hui, nous fêtons ensemble une magnifique victoire ! » s’est exclamée la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, en prenant la parole devant les centaines de gilets jaunes et rouges qui l’entouraient, drapeaux au vent, juste avant leur départ pour rejoindre les syndicalistes locaux et démarrer la manifestation contre la réforme des retraites.

Les applaudissements nourris et les slogans qui ont fusé montraient que tout le monde savait déjà de quelle victoire il s’agissait. Le matin même, par 198 voix pour et 35 contre, les députés ont voté une résolution demandant l’abrogation des 64 ans et le passage à 43 annuités de cotisation en 2027, plus de deux ans après que le gouvernement a fait passer sa loi en force à coups de 49.3 à l’Assemblée.

Il y a deux ans, le gouvernement avait également réussi à bloquer une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites. Le référendum d’initiative populaire, demandé par les syndicats et des groupes politiques, n’a jamais vu le jour. D’où les questions qui revenaient en boucle dans les rangs des manifestants de Strasbourg, se demandant quelle suite pourrait entraîner la victoire du jour. Le gouvernement va-t-il tenir compte de ce vote ? Y est-il obligé ? N’est-ce pas un vote symbolique qui n’aura aucune conséquence ?

« Les députés ne sont pas des plantes vertes, ils font la loi. Et nous sommes donc rassemblés ici à Strasbourg, et nous manifestons partout en France, pour demander une chose très simple : que le gouvernement respecte ce vote et la démocratie, sinon nous appelons les députés à en tirer toutes les conséquences », a répondu Sophie Binet, ajoutant qu’il « n’y aura pas de gouvernement qui tiendra dans la durée sans abroger cette retraite ».

« C’est Mittal qui détourne ses bénéfices au Luxembourg »

L’autre sujet qui a occupé toutes les conversations, c’est la série noire des fermetures de sites industriels et les plans de licenciement qui balayent la France depuis plusieurs années et semblent aller crescendo. La CGT a comptabilisé entre 150 000 et 240 000 emplois supprimés depuis un an et demi, constatant que c’était le cœur même de l’industrie française qui était touché de plein fouet, notamment sa métallurgie qui est à la base de toutes les industries de transformation, alors que le secteur n’est pas en difficulté économique.

Les ArcelorMittal, en force à Strasbourg, le confirment, au moment où un plan social concernant 630 postes est en cours. « Pour nous, le PSE n’a pas lieu d’être. Tout va bien pour la santé économique du groupe. C’est Mittal qui détourne ses bénéfices au Luxembourg, mais nous, en France, nous gagnons de l’argent et nous avons les moyens de le prouver. Nous allons donc travailler sur ce point et nous allons le porter devant le tribunal », assure le délégué central CGT d’ArcelorMittal France, Reynald Quaegebeur.

En cause selon la CGT, la financiarisation de l’industrie, qui n’a pour objectif que de satisfaire les actionnaires. « Ces choix ne sont pas faits dans l’intérêt des salariés, ni dans l’intérêt de l’outil industriel », constate Stéphane Flégeau, le secrétaire général adjoint de la fédération CGT de la métallurgie, qui confirme cette continuité, depuis des années, d’une stratégie qui ne cesse de produire des ravages. « C’est un désastre pour le territoire français mais aussi pour l’Europe. Si nous n’avons plus la capacité de produire de l’acier en France et en Europe, on ne pourra pas alimenter les filières qui en ont un besoin fondamental. C’est pourquoi la bataille pour Arcelor est essentielle », ajoute-t-il.

Quelle stratégie, dans ces conditions, mettre en place pour tenter de renverser cette hémorragie d’emplois et les fermetures de sites industriels ? La question de fond a été débattue au cours du congrès de la fédération CGT de la métallurgie, organisé dans la capitale alsacienne, notamment celle de la nationalisation des entreprises industrielles stratégiques. « Il va falloir que nous mobilisions un maximum de groupes parlementaires qui vont porter les projets de loi au Parlement, en espérant que nos analyses et nos propositions fassent un bout de chemin dans les têtes et qu’elles aboutissent concrètement », propose le délégué central d’ArcelorMittal.

« Il faut que nous réussissions à élargir au niveau de toute l’Europe le rapport de force sur la question de l’acier que nous essayons de construire ici en France avec les camarades d’Arcelor », estime Stéphane Flégeau, qui insiste également sur le rôle que doivent jouer les régions, notamment celles victimes de la désindustrialisation. Il en veut pour preuve la mobilisation de l’ensemble des députés de Bretagne, mais aussi de la population, et même du Medef, qui a permis de sauver la Fonderie de Bretagne, à Caudan (Morbihan).

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